À Niamey, la capitale du Niger, des milliers de personnes attendent toujours de pouvoir reconstruire leurs maisons sur les rives du fleuve. Lors de la dernière saison des pluies, en août et septembre derniers, les quartiers riverains du Niger ont connu des inondations sans précédent. La digue qui les protégeait a cédé, entraînant la mort de 45 personnes et la destruction de centaines de maisons. Huit mois après ce drame, des centaines de familles déplacées attendent, dans un camp de fortune installé à l’hippodrome, une relocalisation. C’est notamment le cas des habitants du quartier de Saga, dans la Commune IV. Reportage.

Sur la piste de sable – là où il y a 50 ans, la reine d’Angleterre avait vu courir un célèbre étalon nigérien –, s'étend un océan de tentes blanches. Sept cents familles y sont regroupées.
« Là, il y a des classes pour les élèves du CE1 au CM2. Tous les abris carrés sont des latrines. Juste un trou sans ciment ni rein d'autre. On souffre de tous les maux ici. Les abris ne sont pas viables. Concernant les provisions, notre dernier don remonte à trois mois. On nous a donné deux sacs de riz de 25 kg par ménage et depuis, plus rien », soupire Abdou Adamou, président des délégués du camp.
La plupart des habitants de Saga vivent de la riziculture et du maraîchage au bord du fleuve. Aujourd'hui, certains jonglent avec quelques petits boulots. Issak Sita a 32 ans, une femme et deux enfants. Il conduit un taxi qui ne lui appartient pas, quelques heures par jour, pour 2 500 francs CFA. « On se demande comment faire pour reconstruire une maison. Pour faire des constructions définitives, il faut compter un million voire deux millions », indique-t-il.
L’État et la commune de Niamey doivent relocaliser les déplacés de l’hippodrome. Plusieurs sites sont à l’étude, vers le lotissement Niamey 2010 ou le quartier de Kangamou. « On veut déplacer ce site. Réaménager pour qu'ils puissent faire leur culture du riz. Donc on va les réaménager et leur réattribuer deux ou trois parcelles pour les habitations avec les moyens que l'État va mettre à leur disposition » explique Soumayla Soba, le secrétaire général de la Commune IV.
Un enthousiasme que ne partage pas Issoufou Hamadou, autre déplacé, car l’aide de l’État, il ne l’a jamais vue. « On veut que l'État nous répare la digue d'abord. Je n'ai pas vu l'aide que le président a annoncé. Des gens nous ont amené du sable, la Croix-Rouge nous a amené du sable. À part ça je n'ai pas vu grand monde nous soutenir ».
Jamais rénovée depuis sa construction, la digue qui protégeait le quartier Saga datait des années 60.
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