En RDC, les élèves ont repris le chemin des classes depuis le lundi 4 octobre. Mesure phare du quinquennat de Félix Tshisékédi, la gratuité pour l’école primaire publique est censée s’appliquer depuis deux ans. Pourtant, rentrée scolaire rime encore avec casse-tête pour les parents, mais aussi pour les enseignants.

Pour Innocent, le mois d’octobre est toujours synonyme de grand stress. Au chômage, ce père de famille a du mal à scolariser ses quatre enfants. Les moyens manquent pour acheter les fournitures, cahiers et uniformes pour la rentrée scolaire.
« On ne fait que payer, tout le temps. Il y a un système qui est né, que l’on appelle "confirmation de la place de l’élève". Donc avant la rentrée, on doit payer la confirmation. Le prix dépend d’une école à l’autre : il y en a qui font payer 250 dollars par trimestre, il y a ceux qui vous font payer 100 dollars. Là où l’on vous demande de payer, il n’y a pas de budget pour cela, imaginez-vous ? »
Tantôt appelée confirmation, tantôt prime des parents ou prime de motivation, depuis près de 30 ans, le système scolaire public congolais s’appuie sur les parents pour compléter les revenus des enseignants. Et les annonces il y a deux ans du président Félix Tshisékédi n'ont rien changé.
« On parlait de la gratuité, mais nous ne l’avons pas, déplore Jean-Paul Mulemaza, président de l’association des parents d’élèves des écoles catholiques du Sud-Kivu. Nous sommes fatigués. Que l’État et que les parents aussi puissent respirer. Il faut que nos enfants étudient et que l’enseignant aussi ait sa gratification, son salaire payé par l’État et pas par les parents. »
Si l’instauration de la gratuité n’a pas aboli les taxes payées par les parents, cette mesure a bouleversé l’organisation interne des écoles, regrette Jacques Chirimwami, syndicaliste et porte-parole des enseignants catholiques de l’est de la RDC. « Maintenant, c’est la qualité de l’enseignement qui est en baisse. À l’époque, il y avait de la motivation, car c’était les parents qui payaient la scolarité. Ils vous contraignaient même de suivre les devoirs des élèves. Il fallait alors rester jusqu’à 17h, car il fallait finir les devoirs de préparation. Mais aujourd’hui, lorsque l’on siffle à 13h, c’est chaque enseignant qui court à la maison pour savoir comment il va vivre. Et là ce sont les enfants qui sont victimes de ce système. »
Selon les derniers chiffres de l’Unesco, en 2016, 23% de la population de plus de 15 ans était analphabète.
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