Sahara occidental [1/5] : avec les soldats du Front Polisario
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Cette semaine, RFI vous emmène dans les territoires administrés par la RASD, la république arabe sahraouie démocratique. Cinq camps de réfugiés établis depuis 45 ans en Algérie, autour du centre administratif de Rabouni, et les territoires du Sahara occidental que contrôle le Front Polisario, soit environ 20% de la superficie de l'ancienne colonie espagnole. Depuis 1975, le statut de ce territoire, considéré comme « non-autonome » par les Nations unies, fait l’objet d’un conflit entre les indépendantistes soutenus par l’Algérie et le royaume du Maroc. Après 30 ans de cessez-le-feu, les combats ont repris en novembre 2020. Des unités du Polisario arpentent les territoires dits « libérés » et frappent par endroit l’immense mur de sable, fortification de 2 700 km que le Maroc ne cesse de renforcer, symbole de l’asymétrie des moyens mobilisés. François Mazet a suivi une opération avec des combattants volontaires du Polisario.
Du sommet d’une dune de sable et de petits cailloux noirs, nous observons en compagnie de deux combattants de l’armée populaire de libération sahraouie, les tirs que deux véhicules armés adressent au mur de sable marocain. Des roquettes Grad et des mitrailleuses lourdes montées à l’arrière de pick-up dont la cabine a été sciée.
Le matériel a vieilli avec le conflit, mais les plus jeunes ne perdent pas espoir. Saïd suit les volontaires pour la télévision sahraouie : « Quand je vois ce mur, je pense à la moitié de ma famille qui est de l’autre côté, et à notre terre coupée en deux. Ça me fait mal. Là-bas, il y a mes grands-parents que je n’ai jamais vus. Bien sûr, ils ont des drones et tout ce qu’il faut, mais nous gagnerons quand même. »
Des panaches de fumée noire s’élèvent au-dessus des fortifications, situées à 6 km de nous. Les forces marocaines répliquent, l’échange dure quelques minutes puis les volontaires sahraouis s’éparpillent dans le désert. Leur stratégie : le harcèlement, piquer comme des moustiques pour agacer les Marocains qui leur nient même la qualité de belligérant.
« Nous avons un secteur réservé avec comme cibles un segment du mur et des bases spécifiques. Notre objectif est d’affaiblir leurs positions, de jouer sur leur moral, explique Abba Ali Hamoudi, commandant de la sixième région militaire, celle de Mahbès. On a l’avantage, car on a des cibles précises, alors que nous, nous sommes toujours en mouvement, et nous sommes insaisissables. »
Les chefs du Polisario assurent que la reprise des combats, en novembre 2020, a remobilisé les jeunes des camps de réfugiés, lassés de trois décennies de statu-quo. Une génération qui n’a pas connu la guerre active peut aussi s’engager comme volontaire. C’est ce qu’a fait Ahmed, 40 ans, père de famille et nouvelle recrue : « Dernièrement, je travaillais dans un commerce, puis dans le bâtiment. Puis j’ai rejoint l’armée et les camps d’entraînement pour les volontaires. Tout le monde peut nous rejoindre, même ceux qui sont plus vieux que moi. »
Cet ancien étudiant en anglais dans la Libye de Kadhafi n’a même pas encore de pantalon de treillis, mais il dit ne pas craindre les drones, les radars et l’aviation marocaine. Des hommes qui selon lui sont là « pour un salaire et pas pour une cause ».
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