Reportage Afrique

En Guinée, les artistes sans structures culturelles pour faire connaître leurs œuvres

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Les artistes plasticiens manquent cruellement de lieux d’exposition dans le pays. Pour montrer leurs œuvres et les vendre, ils doivent se rabattre sur les bars et les restaurants qui font office de galeries improvisées. Certains utilisent aussi les réseaux sociaux pour se faire connaître. Sur le marché de l’art guinéen, encore embryonnaire, l’absence de structure ajoute aux difficultés des créateurs.

Affiche de l'exposition à la Villa des arts à Conakry.
Affiche de l'exposition à la Villa des arts à Conakry. © Villa des Arts
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De notre correspondant à Conakry,

« Cette initiative va perdurer, si vous public qui aimez l’art, vous nous permettez de faire vivre ce lieu. » Dans son discours empreint de solennité, Souhaïb Deen Bangoura, cofondateur de la galerie, expose les enjeux du projet : Créer un lieu dédié à la peinture et à la sculpture dans un pays où les artistes ont plus l'habitude d'exposer dans la rue.

C’est un jour important pour Conakry et pour Hicham Amine qui admet avoir fait « un pari fou » : « On ne sait pas où on va. On commence tout juste. »

À Conakry, les endroits dédiés aux arts plastiques se comptent sur les doigts d’une main. « J’ai côtoyé des artistes qui n’avaient pas de lieu pour exposer leurs œuvres, explique Hicham Amine, gérant et cofondateur de la galerie, originaire du Maroc. Je me suis dit qu’il fallait le faire. Alors voilà, il y a ce lieu. »

C'est ainsi que la Villa des Arts est née. Une simple maison d’habitation du quartier de Kipé. 100 m2, quatre pièces, que Hicham Amine a transformé en lieu d’exposition. « Ce n’était pas facile d’arriver à ce résultat, c’est un long parcours du combattant, décrit-il. On a dû importer des produits que l’on ne trouve pas ici, comme des spots luminaires sur rail. »

Une visibilité pour les artistes guinéens

Pour l’inauguration, une cinquantaine d’œuvres ont été réunies ici. De douze artistes au total, dont huit Guinéens. Parmi eux, King Emmanuel qui, très absorbé par son récit, décrit ses tableaux à des visiteurs. Il raconte les difficultés financières qui minent les peintres dans son pays : « C’est très difficile en Guinée de vivre de son art, il faut l'avouer. Il n’y a pas d’endroit spécifique pour montrer son talent. Comment dans ces conditions gagner de l'argent grâce à son travail ? »

Parmi les invités qui déambulent entre les salles, Thierno Aliou Bah, 35 ans, néophyte, a acheté il y a peu sa toute première peinture guinéenne par hasard. « J’ai vu un tag sur un mur, assez atypique. Il y avait un numéro à côté de l'œuvre et j'ai appelé. C’est comme ça qu'il est venu à la maison. »

Lui, c’est Abdoulaye Condé, alias AC Lion, un jeune Guinéen qui a la chance d’être exposé ce jour-là. « Il a réalisé une œuvre que tout le monde apprécie aujourd’hui. Extraordinaire ! J’imagine que beaucoup de personnes aimeraient rencontrer Abdoulaye, mais il n’y a aucun lieu ni aucune information pour le contacter. »

C’est le rôle que doit désormais jouer la Villa des Arts : accorder de la visibilité aux artistes guinéens.

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