Nigeria: à Maiduguri, les enfants apprennent à construire la paix
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À Maiduguri, la société toute entière vit avec les traumatismes hérités du conflit qui oppose depuis plus d’une décennie l’armée nigériane et les jihadistes de Boko Haram. Pour reconstruire la paix, une ONG locale a édité un petit livret intitulé Boko Halal, diffusé notamment auprès des élèves de plusieurs écoles islamiques de la ville. Les thèmes abordés : paix, confiance en soi, information sur les addictions, en s’appuyant sur les textes sacrés de l’Islam.

De notre correspondante à Lagos,
Dix d’écoliers sont assis sur des bancs plantés dans le sable. Sur un tableau noir usé, leur professeur a écrit le titre de la leçon du jour : « Gérer ses traumatismes et son stress post-traumatique ».
Des thèmes difficiles, dont aucun enfant ne devrait entendre parler aussi jeune... mais pour ces élèves âgés de 10 à 12 ans et grandis en plein conflit, la violence est une réalité quotidienne, rappelle cette enseignante : « Comment reconnaître une personne traumatisée ? Comment se soigner ? Peut-être certains de ces enfants ont-ils perdu leurs parents, donc il faut qu’ils soient informés. »
Prendre le contre-pied de Boko Haram
Dans cette école islamique, 50 élèves participent une fois par semaine à un « club de la paix », une activité extrascolaire qui s’appuie sur un livret édité par la Fondation Allamin pour le développement et la paix, une ONG locale.
Son titre, Boko Halal, prend le contre-pied de « Boko Haram » - qui signifie littéralement « l’éducation occidentale est sacrilège ». Le docteur Abubakar Maaji a chapeauté l’élaboration de ce programme : « Les jihadistes ont réussi à exploiter la vulnérabilité de notre jeunesse, à cause d’un manque d’éducation, d’un manque d’argent. Donc, nous voulons vraiment éduquer les plus jeunes le plus tôt possible. »
Devenir des « ambassadeurs de la paix »
Cette initiative est soutenue par l’association des écoles islamiques du Borno. Celle-ci regroupe 600 établissements qui combinent enseignement religieux et apprentissage de l’anglais et des mathématiques. Mais Muhammad Isa, le directeur de l’association, rappelle que de nombreuses écoles coraniques échappent à tout contrôle dans la région.
Les écoles membres de notre association ont les mêmes vacances, les mêmes examens, le même programme... Mais beaucoup d’écoles coraniques opèrent de manière indépendante, on ne sait pas ce qui y est enseigné... c’est pour ça que nous avons rejoint cette initiative, pour donner une ouverture d’esprit à nos élèves, pour leur dire que « Boko est Halal », que suivre un enseignement occidental est autorisé.
À l’issue de ce programme, les élèves ayant participé aux « clubs de paix » deviennent à leur tour « des ambassadeurs de la paix » auprès de leurs camarades.
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