Tunisie: des cours d'arabe pour ressortissants subsahariens
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Même si des recensements précis n’existent pas, il y a de plus en plus de ressortissants subsahariens en Tunisie. Restauration, bâtiment ou encore secteur informel, ils font désormais partie de la réalité du pays. Certains d’entre eux ont fait le choix d’apprendre l’arabe.

De notre correspondante à Tunis,
En ce samedi après-midi – dans une ambiance très détendue –, ils sont une petite grappe d’adultes à apprendre les rudiments de la langue arabe. Parmi les élèves, Cécile, une Camerounaise de 34 ans. Elle qui est arrivée en Tunisie il y a dix ans pour y suivre un cursus audiovisuel a longtemps refusé de se mettre à la langue locale :
À la base, je n’ai pas eu envie de faire de l’arabe. Pourquoi ? Parce que les Tunisiens ne m’ont pas donné envie. Ils n’étaient pas très très accueillants quand je suis arrivée. On se sentait toujours marginalisés, un peu lésés et insultés, traités un peu de tout. Ce qui a fait que j’ai changé d’avis c’est qu’au fur et à mesure que nous avons commencé à travailler avec certains Tunisiens, certains avaient vraiment un grand cœur. C’est comme ça que j’ai eu envie d’apprendre l’arabe parce qu’il y a eu des personnes bien autour de moi.
« Une ouverture »
Parmi les Tunisiens qui ont gagné son estime, il y a justement Aïda, sa professeure d’arabe. Elle qui a remarqué la présence de plus en plus importante de ressortissants subsahariens dans son quartier a sauté sur l’occasion pour animer cet atelier.
« Au début, on a commencé avec l’arabe tunisien, ça leur a permis de commencer à se débrouiller pour les choses de base comme demander les prix ou se faire des amitiés. Le b.a.-ba pour s’intégrer. Et maintenant, on commence l’arabe littéraire », dit Aïda El Kefi, qui poursuit : « Leur donner des cours, ça m’apporte quelque chose à moi aussi. Une ouverture. Je découvre des choses sur ces communautés. J’apprends comment ils se marient, ce genre de choses. »
Plus qu’un simple cours de langue
Pour ces ressortissants subsahariens - souvent en situation irrégulière en Tunisie et vivant de petits boulots - ce moment est bien plus qu’un simple cours de langue. C’est aussi un pont qui se tisse progressivement avec les Tunisiens.
C’est en tout cas l’impression qu’a Joseph, 34 ans, lui aussi Camerounais. « Nous, on se rend compte d’une chose, c’est que lorsque le Tunisien se rend compte que tu es en train d’apprendre sa langue, il a envie de te donner encore plus de mots pour que tu puisses améliorer ton niveau plus rapidement. »
Une initiative pilote qui espère faire des émules. À terme, les instigateurs de cet atelier espèrent aussi mettre en place des cours d’arabe pour les enfants subsahariens afin de faciliter leur scolarisation dans les établissements tunisiens.
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