Tunisie: le cri du cœur d’un historien pour sauver la vieille ville de Tunis
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Bien que classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la vieille ville de Tunis comprend de nombreux édifices qui menacent de s’effondrer. Avec eux, c’est la mémoire de Tunis qui risque de disparaître. Amira Souilem a suivi un historien tunisien qui tente de sensibiliser à la préservation de ce patrimoine.

Son grand sourire cache mal son malaise : « Quand j’ai commencé à travailler sur le quartier consulaire il y a quinze ans, la porte était en état de conservation optimale, regardez aujourd’hui. Ici, on voit des restes d’encadrement en pierre. C’est tout ce qu’il reste de la porte, c’était une porte monumentale magnifique, la porte de la douane ».
Ressusciter la mémoire des pierres, redonner vie aux ruines à travers des anecdotes : c’est le but que s’est fixé l’historien Adnen El Ghali.
Comme ici, dans le patio de l’ancien Consulat de France : « Le bâtiment est classé, ça ne se voit pas… mais il est classé. On a de très très belles descriptions. Ce qui est intéressant, c’est de voir comment le bâtiment vivait à travers la correspondance diplomatique et à travers les relations de voyage. On a des voyageurs incroyables qui viennent ici. Alexandre Dumas a visité ce bâtiment, il y a dîné ».
« Un pan de notre histoire est en train de disparaître »
Pour sensibiliser le public à la disparition de ce patrimoine architectural, l’association qui organise la visite a eu l’idée d’engager un danseur.
Dans une étroite ruelle, parsemée de décombres des demeures qui s’effondrent une à une, il entame une danse aussi lente que mélancolique. Smartphones en main, le groupe le mitraille. Des photos que l’association espère virales.
« Quand on voit ces façades s’effondrer, on se dit que c’est tout un pan de notre histoire qui est en train de disparaître. Il y a une spéculation qui est en train de consommer et de consumer le centre-ville. Certains opérateurs immobiliers souhaitent voir ces immeubles s’effondrer tout simplement pour déclarer l’état de ruines et construire des immeubles de onze, douze étages. »
Un héritage culturel peu exploité
À l’heure où la Tunisie connaît une crise économique sévère, Adnen El Ghali estime que son pays aurait tout intérêt à investir dans la préservation de son patrimoine.
« Ce patrimoine est une mine d’or. Ce patrimoine peut être et doit être valorisé. On parle d’une histoire universelle. Tunis appartient au monde. Comment se fait-il que cette ville et ce pays soient à la périphérie de l’histoire ? On continue à raisonner comme un pays pauvre et un pays de pauvres, c’est faux. C’est un pays extrêmement riche qui n’est pas exploité. »
Un tourisme culturel qui pourrait faire sens à l’heure où les voyageurs sont de plus en plus à la recherche d’expériences authentiques, loin du tourisme de masse.
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