Reportage Afrique

Sécheresse au Kenya: troupeaux décimés, familles séparées [1/3]

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La sécheresse qui sévit au Kenya a déjà décimé 1,5 million de têtes de bétail, selon l’agence humanitaire des Nations unies. Dans le comté de Garissa (nord-est), 95% de la population dépend pourtant de l’élevage pour sa propre survie. Florence Morice est allée à la rencontre de ces communautés qui luttent pour se nourrir et sauver ce qu’il reste de leurs troupeaux.

Au Kenya,Faduma Ali a perdu plusieurs vache à cause de la sècheresse.
Au Kenya,Faduma Ali a perdu plusieurs vache à cause de la sècheresse. © RFI / Florence Morice
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De notre envoyée spéciale à Garissa,

« 9, 10… il y en a 10 ici »

Une dizaine de carcasses de vaches au milieu d’un paysage aride fouetté par le vent. Ces animaux ont été tués par la sécheresse, explique Faduma Ali, du village voisin.

« Celle-là, c’était la mienne. Ces vaches sont mortes de soif et de faim », raconte-t-elle.

La famille de Faduma Ali a perdu la moitié de ses têtes de bétail depuis septembre dernier.

« Ça me fait tellement de peine de voir ça. Si ces vaches étaient encore en vie, j’aurais de quoi nourrir ma famille et payer l’école de ma fille aînée. Tout notre mode de vie repose sur ces animaux. On dépend de nos troupeaux pour se nourrir, pour s’habiller, pour tout. Ce n’est pas la première fois qu’on subit une sécheresse, mais celle-là c’est la pire, de loin », déplore Faduma Ali.

Pour tenter d’enrayer l’hécatombe, le mari de Faduma est parti à une centaine de kilomètres au nord. Elle espère qu’il y aura trouvé l’eau et le pâturage nécessaire pour sauver ce qu’il reste de leur troupeau. La sècheresse appauvrit les familles. Elle les divise aussi. 

Au nord de Garissa, un campement informel est apparu il y a 2 mois sur le bord de la route. On y trouve des huttes de fortune avec essentiellement des personnes âgées et des mères de familles seules avec leurs enfants, comme Abshira Djemale, 27 ans. 

« Mon mari est parti loin avec les bêtes. On est venus ici pour être plus près de la ville, on s’est dit que comme ça, les autorités et les ONG nous verraient, et viendraient nous aider et qu’on pourrait accéder à quelques services », raconte la jeune femme.

En réalité, l’aide que reçoivent ces familles reste très limitée. Elle survit depuis 3 mois avec 4 000 shillings, soit une trentaine d’euros, obtenus grâce à la vente de deux chèvres laissés par son mari. 

« Avant, une chèvre nous rapportait deux fois plus d’argent, mais aujourd’hui elles sont toutes maigres et ne se vendent pas bien », regrette-t-elle.

Il faut parcourir 40 kilomètres plus au nord pour trouver l’unique bassin d’eau pas encore asséché dans cette partie du comté. Ali Ibrahim a parcouru 20 kilomètres à pied avec ses bêtes pour les y abreuver. 

« Plus de 40 communautés dépendent de ce point d’eau. Je pense qu’on peut tenir encore un mois ou deux, mais les chèvres n’ont rien à manger et celles qui restent ne font plus de lait », confie-t-il.

Ali Ibrahim s’inquiète pour les mois à venir. En théorie, la prochaine saison des pluies n’est pas prévue avant octobre. Et les prévisions sont mauvaises. 

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