Soudan du Sud: Old Fangak, une ville-refuge au cœur d'une région dévastée par les inondations [1/4]
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Au cœur du « Sudd », le plus grand marais d'Afrique, qui se déploie dans la plaine inondable du Nil au Soudan du Sud, Old Fangak n'a pas échappé aux inondations d'ampleur inégalée qui ont ravagé le pays depuis 2020. Les habitants de cette petite ville du nord de l’État du Jonglei ont lutté contre l’eau. Ils ont construit une digue, dans l’urgence, en octobre 2021, alors que la ville était en train d’être conquise par l’eau, faisant d’Old Fangak une « île » de 3 km de rayon au milieu des marécages. Un lieu de refuge au milieu d'une zone devenue inhabitable.

De notre envoyée spéciale à Old Fangak,
Les habitants d’Old Fangak ont tout perdu dans les inondations : leur bétail est mort, leurs champs ont été recouverts d’eau et leurs villages sont devenus inhabitables. Au marché aux poissons, Nyaga Chati est venue en canoë pour faire ses courses : « Les inondations ont tout détruit. Nous n’avons que le poisson et les nénuphars pour nous nourrir ; avec, parfois, les rations du PAM. En plus on ne peut pas tous tenir à l’intérieur de la digue ici. On a surélevé nos maisons pour tenir avec les enfants ; mais c’est invivable… »
Debout sur la digue où accostent les canoës, Pareil Magany Yieth, un responsable local, pointe les maisons inondées, au loin : « Tout ça, c’était de la terre sèche. Mais avec les inondations, vous voyez, les gens se déplacent maintenant en canoë. Et tous ces villages qui sont en dehors de la digue ont été détruits par les inondations. Les habitants sont venus à l’intérieur. C’est surpeuplé. En termes d’hygiène, ça ne va pas. »
« Nous n’avons plus rien. Nous attendons qu’on nous aide »
Certaines zones ont été encore plus durement frappées par les inondations. Au sud du comté de Fangak, à 3h de bateau à moteur, environ 5 000 personnes sont réfugiées sur trois minuscules « îles » depuis plus d’un an. Sur celle de Kuernyapuol, les femmes sont épuisées et les enfants, mal nourris, déplore Nyahon Garang : « Avant les inondations, nous étions riches. Nous cultivions. En venant, vous avez dû voir deux belles et grandes huttes ? Ce sont celles que mon mari a construites pour les 50 vaches que nous avions. Mais maintenant, elles sont toutes mortes. Nous n’avons plus rien. Nous attendons qu’on nous aide. »
Le chef de l’île, Tut Chuol, refuse de partir. Il se dit prêt à faire face à une nouvelle saison des pluies : « Nous n’avons nulle part où aller. Nous allons faire une digue tout autour de l’île. Nous nous attendons à des inondations encore pires, car le niveau de l’eau n’a pas baissé depuis janvier. Et les pluies ne font que commencer. Donc, nous sommes persuadés que l’eau va monter encore plus. Il n’y a que Dieu qui puisse faire baisser le niveau d’eau, nous allons résister comme nous pouvons. »
Face aux prédictions météorologiques alarmantes, les Nations unies ont entamé, mi-juin, la construction d’une grande digue tout autour de la ville d’Old Fangak.
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