Reportage Afrique

Soudan du Sud: à Old Fangak, l'impact des inondations sur l'accès à la santé [2/4]

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Dans le comté d’Old Fangak au Soudan du Sud, les inondations dramatiques qui sévissent depuis 2020 ont déplacé des milliers d’habitants qui ont perdu leurs ressources vitales. Sans troupeaux, sans champs pour cultiver, les cas de malnutrition infantile augmentent. Témoignages de soignants et de patients rencontrés à l’hôpital que gère Médecins sans Frontières sur place.

L'entrée de l'hôpital d'Old Fangak, tenu par Médecins sans frontières (MSF).
L'entrée de l'hôpital d'Old Fangak, tenu par Médecins sans frontières (MSF). © Florence Miettaux / RFI
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De notre envoyée spéciale à Old Fangak,

Assise sur un lit en fer à l’hôpital d’Old Fangak, Nyachoat Billiew allaite ses jumeaux âgés de huit mois. L’un d’eux souffre de malnutrition sévère, comme plusieurs autres enfants hospitalisés ici. « Quand j’ai mis ces enfants au monde, les inondations avaient déjà détruit notre village. Je suis seule à me démener pour les élever. Je m’épuise à chercher des nénuphars dans la rivière », raconte-t-elle.

Les vaches de cette mère de famille sont mortes, et même si des membres de sa famille partagent avec elle le poisson qu’ils pêchent, cela ne suffit pas. C’est un bateau de MSF qui l’a transportée jusqu’ici avec ses bébés. Sans cette aide, elle n’aurait pas pu accéder à l’hôpital.

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Peter Sunduk est soignant à Old Fangak depuis les années 1990. Il s’inquiète des conséquences dramatiques des inondations sur l’accès aux soins dans les zones reculées. « Nous avons un programme de vaccination à l’extérieur. Quand les enfants étaient dans les camps de bétail, c’était facile de les trouver et de les vacciner », souligne Peter Sunduk. « Mais là, c'est l’arrêt total de ces soins de santé. Il n’y a plus personne dans les camps de bétail. Plus aucun village sur les berges de la rivière. Donc les enfants n’ont pas été immunisés », explique le soignant.

Risque d'interruption de traitements pour les malades

La clinique qui traite les patients atteints du VIH a elle aussi enregistré une baisse de fréquentation. Cela signifie que certains malades ne prennent plus leur traitement. Jal Gatkek Ruach, un soignant, déplore avoir perdu la trace de certains patients. « Depuis que la région a été inondée en 2020, beaucoup de gens sont partis », indique-t-il. « Certains sont venus nous prévenir et nous leur avons donné une lettre de transfert, pour qu’ils puissent continuer à accéder au traitement VIH où qu’ils aillent. Mais d’autres ont dû fuir les inondations du jour au lendemain pour chercher refuge un peu où ils pouvaient. Ils ne sont pas revenus ici », dit-il.

Pour éviter une interruption des traitements en cas de nouvelles inondations, ce sont désormais trois mois de traitement qui sont fournis aux patients.

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