Un bébé à tout prix [1/4] RDC: l'infertilité taboue prise en charge à Kinshasa
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En République démocratique du Congo, si le taux d’enfant par femme reste élevé, l'infertilité n'en demeure pas moins une préoccupation. Considérée comme un problème de femme par le passé, l’infertilité masculine est désormais prise en compte dans les principaux hôpitaux du pays. Difficile d’estimer avec précision son taux en RDC, mais avoir un enfant, c’est parfois le parcours du combattant pour certains couples et synonyme de rejet pour certaines femmes. À Kinshasa, des moyens existent pour pallier cela.

Des femmes de tout âge sont regroupées dans la salle d’attente de la clinique Pax Christi. Des jeunes filles qui viennent faire des dons d’ovocytes, des cellules reproductrices. Et puis celles qui ont la quarantaine, là, dans l’espoir de faire un enfant. L’une d’entre elles, qui a souhaité garder l’anonymat, a mis sept ans avant de tomber enceinte.
« J'ai essayé, j'ai tenté de plusieurs manières. J'ai consulté des gynécologues, j'ai suivi des traitements. On m'a diagnostiqué une endométriose, après les traitements, on m'a dit que ça refonctionnerait. J'ai fait des essais, et ça n'a pas marché », confie-t-elle.
Finalement, seule la fécondation in vitro (FIV), la reproduction en laboratoire, a fonctionné. Un soulagement pour cette quadragénaire. En RDC, les femmes mariées sans enfant subissent souvent des humiliations, comme l’explique cette infirmière enceinte de 8 mois.
« Imaginer un mariage sans enfant, c'est dur. Les habitants du quartier, les amis, les connaissances, savent que vous êtes mariée. La famille du mari se dit que la femme a avorté avant d'être marié à leur fils », raconte-t-elle.
Alors pour celles qui en ont les moyens, une FIV coûte environ 7 000 dollars, la clinique du Dr Chris Katsuva est la solution. Dans son cabinet, il reçoit des patientes souvent inquiètes.
Le gynécologue est le premier à avoir développé cette technique en RDC, face au constat d’une infertilité croissante.
« Nous estimons à 30 ou 40% des couples au Congo infertiles. Dès que la femme atteint l'âge de 40 ans, le pourcentage de conception par cycle est de 3%. Il y a aussi le problème des infections, ainsi que d'autres maladies. Du côté des hommes, la diminution de la qualité et de la quantité des spermatozoïdes est un grave problème », explique le médecin.
L’infertilité reste un problème tabou dans le pays, cachée par un taux de fertilité élevé. Les femmes congolaises avaient en moyenne 4,3 enfants en 2020, selon la Banque mondiale.
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