Congo-B: en zone forestière, les populations s’adonnent à l’élevage pour sauvegarder la faune
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Dans la périphérie du parc de Nouabalé Ndoki, à 900 km au nord de la capitale Brazzaville, la question de la préservation de la faune sauvage est un enjeu majeur du développement durable. Afin de préserver cette faune, les habitants se tournent vers l’élevage des moutons, des chèvres et des poulets. Solution alternative pour préserver la biodiversité.

De notre envoyé spécial à Kabo,
À Kabo, sur la rive gauche de la grande rivière Sangha, la pluie de la veille a laissé des traces. Au bout de la piste de l’aérodrome qui traverse la forêt, nous marchons dans la boue avant d’atteindre le bureau, construit sur pilotis, de Germain Mavah. Il est coordonnateur du Programme de gestion durable de la faune sauvage.
« C’est une initiative préventive, parce que les études ont montré qu’il y a encore une présence de la faune dans l’Unité forestière d’aménagement (UFA) de Kabo. Pour éviter son épuisement à cause de la chasse abusive, nous travaillons avec les communautés locales pour qu’elles soient au centre de la gestion du projet. C’est essentiel pour leur sécurité alimentaire », explique M. Mavah.
Aider les communautés à diversifier leurs sources de protéines
Lutter contre le braconnage, assurer l’équilibre entre la protection de la nature et l’alimentation des riverains : voilà autant de défis à relever dans le cadre de ce projet financé par l’Union européenne. Sur le terrain, les acteurs du gouvernement, de la filiale congolaise du géant singapourien Olam Agri et de l’ONG américaine Wildlife conservation society (WCS) aident les communautés à diversifier leurs sources de protéines. Elles se tournent de plus en plus vers l’élevage.
Christelle Bouana Ntondélé élève les moutons. « L’idée m’est venue par rapport au mode de vie ici : il n’y a pas une boucherie où l’on peut acheter de la viande de mouton. Il n’y a que la viande de brousse qu’on achète auprès des Pygmées. Voilà pourquoi j’ai voulu avoir une bergerie. Les moutons ! J’ai acheté au départ un mâle et trois femelles auprès d’un éleveur à Pokola [une cité en aval de Kabo, NDLR] », argumente-t-elle.
Limiter la chasse abusive
Aujourd’hui, elle compte une quarantaine de têtes. À côté, elle élève également de la volaille et pratique le maraîchage. « Le maraîchage, pourquoi ! Parce que ici, les gens consomment plus le gnetum africanum [un légume qui pousse exclusivement en forêt, NDLR] qui n’a pas assez de vitamines. Or, les légumes [plantés] ont plus de vitamines », justifie Christelle.
Vieux chasseur connu dans la localité de Kabo, Jean-Louis Paulo salue toutes les initiatives contribuant à limiter une chasse abusive. Il estime que le gibier se raréfie en forêt. « J’étais encore très jeune quand je pratiquais la chasse de subsistance. Je rentrais juste à côté. Si je rentrais (en forêt) avec six cartouches, je revenais facilement avec six gibiers, avant une heure de temps. Aujourd’hui, c’est difficile de trouver des animaux près du village. On a trop chassé », démontre-t-il.
Dans la vaste région forestière de la Sangha, Kabo avec ses 1 500 habitants, n’est pas la seule zone à bénéficier des activités alternatives à la chasse. La cité urbaine de Pokola et le village de Bomassa sont également concernés.
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