À Lubumbashi, l’urbanisme à l’origine de la diminution de la nappe phréatique
Publié le :
Tandis que dans le monde, on s’inquiète des problèmes d’approvisionnement en eau en raison du changement climatique, à Lubumbashi, en RDC, c’est l’urbanisme qui est à l’origine de la diminution de la nappe phréatique. Les constructions illégales sur les zones de captage et leur déboisement réduisent le volume de l’eau souterraine en modifiant le ruissellement et l’infiltration des eaux de pluie. La régie de distribution d’eau Regideso alerte sur un risque de pénurie.

De notre correspondante à Lubumbashi,
Nous sommes à la station de pompage de Kimilolo au sud de la ville. C’est la plus importante, car elle couvre 60 % de l’alimentation en eau de Lubumbashi. Mais malgré ses trois sites de captage, la station n’a plus la capacité de couvrir l’ensemble des besoins, selon Michel Tshijik, directeur de la production à la Regideso. « Le site tel que vous le voyez, il a environ 87 hectares et aujourd’hui, 48 hectares sont déjà occupés par des constructions anarchiques, explique-t-il. Les gens occupent le terrain, coupent les arbres, enlèvent l’herbe. En conséquence, lorsqu’il pleut, au lieu que l’eau s’infiltre dans le sol et recharge la nappe, l’eau ruisselle. Et tout de suite, la nappe n’est plus rechargée comme elle devait l’être et il y a diminution de la ressource d’eau. »
Une diminution de la ressource qui a donc un impact direct sur l’alimentation de la ville de Lubumbashi. En cinq ans, la nappe phréatique a perdu près de 70 % de sa superficie. « Ici, nous sommes devant notre deuxième machine. Comme la nappe sèche peu à peu, nous sommes obligés de réduire la quantité d'eau que nous fournissons à la population. Nous avons peur, car d’ici peu, nous serons même obligés d’arrêter la station », s'inquiète Rael Mabayabo, le chef de la station de Kimilolo.
Une situation susceptible de dégénérer dans les années qui viennent
Les conséquences se font déjà sentir, l’eau du robinet se faisant rare dans certains quartiers de Lubumbashi. Jean-Pierre Ndjibu, directeur de l’Observatoire du changement climatique craint pour l’avenir si rien n’est fait. « Plus la ville s’agrandit, moins on fait attention au problème de fourniture d’eau, mais on oublie que cela va créer un conflit, avertit le directeur de l'Observatoire. Quand les gens n’auront plus d’eau, ils vont commencer à se battre, à faire la guerre avec celui qui a un puits. À ce jour, toutes les zones de captage d’eau à Lubumbashi sont occupées illégalement à 70%. »
Ignace Kabulo, directeur provincial de la Regideso, plaide pour leur protection et le déplacement des logements illégaux. Une première analyse nous permet de voir quel est le coût de délocalisation des usines vers d’autres sites qui sont inhabités. Il reste plus important que celui qu'engagerait l’État pour délocaliser ces populations vers d’autres sites.
Pour sa part, la ministre chargée des Affaires foncières indique que le dossier est à l’étude. Pendant ce temps, le risque de pénurie d’eau augmente de jour en jour.
► À lire aussi : En RDC à Lubumbashi, les prix de l'immobilier s'envolent
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne