Reportage Afrique

Soudan du Sud: la venue du pape galvanise une école qui prône le rassemblement de toutes les ethnies

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Le pape François arrive ce vendredi 3 février à Juba, la capitale du Soudan du Sud. Une visite pour encourager la paix et la réconciliation dans ce pays ravagé par des violences. La création d’une identité nationale sud-soudanaise ne va toujours pas de soi : le pays ne compte pas moins de 64 groupes ethniques. À Augusto Memorial College, l'internat promeut l’unité des Sud-Soudanais à travers l’éducation.

Les élèves effectuent des danses traditionnelles sud-soudanaises sur la place centrale du Augusto Memorial College, à Kit, près de Juba, le samedi 28 janvier 2023
Les élèves effectuent des danses traditionnelles sud-soudanaises sur la place centrale du Augusto Memorial College, à Kit, près de Juba, le samedi 28 janvier 2023 © RFI/Florence Miettaux
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De notre correspondante à Juba,

Vêtus de leur uniforme, les élèves prient, dansent et chantent en ce chaud samedi de janvier au Memorial College, un internat situé à Kit, un village près de Juba. Ici, l’harmonie et la joie sont au rendez-vous, et les conflits qui minent le Soudan du Sud n’ont pas droit de cité. Devenu indépendant en 2011, une guerre civile avait éclaté en 2013 dans le pays, opposant le président Salva Kiir, un Dinka, et son vice-président Riek Machar, un Nuer. Un accord de paix a été signé en 2018 mais les violences intercommunautaires continuent.

« Au village, on me disait que la culture dinka était la meilleure, explique Kuek Ring Akot, un adolescent de 19 ans originaire de l’État de Warrap, une région Dinka. Mais maintenant que j’ai rejoint l’école, j’ai rencontré des gens d’autres ethnies et je les vois tous comme mes frères. On discute bien. Si vous allez dans nos tukuls, ces petites huttes là-bas, vous trouverez des Mundari, des Shilluk, toutes sortes de gens ! C’est une façon de commencer à unir le pays. »

Riak Peter Nyang, 23 ans, est, lui, issu de l’État d’Unité, une région Nuer. « Ce sont ceux qui ne sont pas éduqués qui disent que la guerre était entre les Nuers et les Dinkas, remarque-t-il. Mais nous ici, en tant que jeunes éduqués, nous savons que c’était avant tout un problème politique entre deux dirigeants. Et il est hors de question que cela nous touche ici dans l’école. Nous vivons ici en tant que frères et sœurs. »

Des cultures diverses, une identité commune

Fondé par la congrégation catholique des frères de Saint Martin de Porrès, l'Augusto Memorial College est un établissement d’enseignement secondaire qui réunit 350 élèves de toutes les régions et ethnies du Soudan du Sud. Depuis sa création en 2016, le père John Bosco, directeur de l’école, tente de forger une identité commune pour promouvoir la paix

« Nous leur avons donné une consigne : il ne doit pas y avoir de regroupement d’élèves par origine ethnique. Vous vous regroupez en tant qu’élèves de l'Augusto Memorial College et en tant que Sud-Soudanais. Mais, bien sûr, la culture, là d’où vous venez, ce n’est pas mal en soi. C’est pour ça que chaque samedi, ils ont ces activités culturelles, précise le père Bosco. Chaque groupe doit venir partager ses danses traditionnelles. »     

Redempta Jiben, 19 ans, originaire de Malakal en terre Shilluk, est une adepte du club de danse et de musique de l’école. « J’ai appris les danses traditionnelles des Anyuak, des Mundari, des Dinka et des Acholi… Je les maîtrise parfaitement ! Et quand je les danse devant ma mère à la maison, elle n’en croit pas ses yeux, que je puisse danser les danses d’autres ethnies ! », sourit la jeune femme.

Redempta Jiben estime que les jeunes issus de l’école pourront aider le pays à se construire. « Pour ceux d’entre nous qui veulent devenir des leaders à l’avenir, nous allons diriger notre pays d’une très bonne manière. Nous n’allons pas répéter les erreurs passées. Plus nous grandissons, plus nous sommes sûrs que cela ne se reproduira pas. »

Un espoir de réconciliation ravivé par la visite du pape François à Juba, et dont les élèves attendent avec impatience le message de paix et d’unité qu’il devrait délivrer.

► À lire aussi : Soudan du Sud: le représentant du Vatican espère que la visite du Pape relancera le processus de paix

 

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