Tunisie: la communauté berbère dans le sud du pays veut valoriser son patrimoine
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En Tunisie, la communauté berbère représente une très petite communauté malgré un héritage millénaire. La plupart des populations pratiquant encore la langue amazigh sont regroupées dans les régions du sud de la Tunisie et tentent de valoriser leur culture et leur patrimoine.

De notre correspondante à Tunis,
Les Amazighs représentent entre 0,5% et 1% de la population tunisienne. La communauté a longtemps lutté pour être mieux reconnue par l’État tunisien face à l'identité arabo-musulmane, davantage valorisée après l'Indépendance du pays. Depuis la révolution, près d’une dizaine d’associations sont nées et œuvrent pour la préservation du patrimoine berbère, ainsi que sa reconnaissance juridique.
Essia Sabri, 30 ans, parle des différents bijoux et de leur signification : « Celui-ci s’appelle kossa, les pendentifs font référence à la puissance et à la liberté de la femme amazigh ».
Dans le salon où trône un métier à tisser du margoum, le tapis traditionnel berbère, elle montre les bijoux amazighs collectés au sein de sa famille depuis des générations. « Ces bijoux-là sont transmis de mère en fille, c’est souvent la plus jeune qui y a le droit et dès que l’une des filles se marie, si elle n’a pas de bijoux, elle doit les faire elle-même. Nous les appelons les bijoux d’argent, car si l’on remonte aux origines de notre histoire, il n’y avait pas d’or en Afrique du Nord, donc tous les bijoux traditionnels sont faits en argent. »
Une culture occultée de l'histoire contemporaine tunisienne
Essia habite avec sa famille à Douiret, un village du sud tunisien connu pour sa forte identité amazigh. Elle a elle-même créé une association avec d’autres femmes pour valoriser sa culture, souvent occultée de l’histoire contemporaine tunisienne.
« Avant la révolution de 2011, ni les politiciens ni ceux qui gouvernaient ne nous prêtaient attention. Pour vous donner un exemple, la seule phrase que l’on entendait à l’école en cours d’histoire, c'était "les premiers habitants de la Tunisie étaient à l’origine des berbères" et c’est tout. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous essayons de valoriser notre culture. »
L'appui du tourisme
Elle a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour sensibiliser sur le sort du château de Douiret, un édifice berbère qui menace de s’écrouler, comme certains villages troglodytes, abandonnés à cause de l’exode rural de cette communauté.
À quelques kilomètres de Douiret, Mahdi Zoghdane, 30 ans, pratique la langue amazigh avec ses parents. Cet infirmier revient fréquemment dans la maison familiale construite dans les montagnes. « Malheureusement, il n’y a plus que les retraités qui vivent ici. Il n’y a pas suffisamment de travail pour les jeunes, donc nous sommes obligés de migrer vers les villes »
Le tourisme permet encore à certains de restaurer les maisons ancestrales. Le circuit balisé de 200 kilomètres du Dahar, le relief montagneux qui traverse le sud, offre par exemple depuis deux ans un parcours pédestre et historique dans la région.
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