En Afrique du Sud, de petits insectes contre le fléau de la jacinthe d'eau
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Si ses fleurs violettes peuvent être agréables à l’œil, il ne faut pas s’y tromper : la jacinthe d’eau, plante invasive dans de nombreux pays et notamment en Afrique, est devenu un fléau des cours d’eau et des lacs. Certains pays tentent d’en tirer parti, en la transformant pour la valoriser, mais en Afrique du Sud, on parie sur un petit insecte pour tenter d’empêcher sa propagation.

De notre correspondante,
Julie Coetzee fait face à un tapis de plantes vert fougère qui recouvre une partie du lac d’Hartbeespoort. Dès que les températures remontent, la jacinthe d’eau se propage à la surface. Originaire d’Amérique latine, sa croissance très rapide la rend difficile à contrôler et à éradiquer.
Un problème pour les activités touristiques, mais aussi pour l’écosystème, selon cette chercheuse du Centre pour le biocontrôle de l’université de Rhodes : « Les oiseaux ne peuvent pas accéder aux poissons. De plus, comme la lumière ne pénètre pas, les phytoplanctons, qui produisent de l’oxygène, ne peuvent pas le faire correctement. Donc on obtient un plan d’eau sans vie ».
La jacinthe d’eau a fait son apparition dans les années 60 sur cette retenue artificielle. Les pouvoirs publics ont d’abord mis l’accent sur les herbicides pour la contrôler, mais cette stratégie a été arrêtée en 2017, pour désormais miser sur des insectes, qui, en Amérique latine, se nourrissaient de cette plante.
Une intervention faite avec beaucoup de précautions, selon Julie Coetzee : « Nous devons d’abord tester ces insectes, de façon isolée, pour s’assurer qu’ils sont bien spécifiques à leur hôte : c’est-à-dire qu’ils peuvent se nourrir et compléter leur cycle de vie uniquement grâce à la plante visée ».
La méthode, déjà testée aux États-Unis, consiste à introduire, entre autres, un petit insecte de la famille des Delphacidae à chaque printemps. Un adversaire redoutable pour cette plante invasive, selon la chercheuse Rosali Smith : « Voici les adultes, qui sautent un peu partout, ils font environ 2,5 millimètres. Ils vont aspirer toute l’eau sucrée que la jacinthe produit. Au printemps, les graines germent et la plante qui occupait 5% du lac va se déployer sur 40%. Nous relâchons alors les insectes responsables du biocontrôle, et on observe en général qu’ils réduisent à nouveau le taux d’occupation de la jacinthe à 5% ».
Et pour que suffisamment d’insectes soient réintroduits chaque année, des riverains mettent la main à la pâte, en hébergeant sur leur propriété de petites serres d’élevage de Delphacidae, à l’image de Dries Botha, directeur des opérations d’un complexe résidentiel en bord du lac : « Au début, cette méthode nous semblait étrange, car on était habitué à l'ancienne façon de faire avec des herbicides, mais désormais, je suis l’ami de ces insectes, j’ai été convaincu ».
Cependant, les chercheurs préviennent que ces insectes ne traitent que l’un des symptômes de la pollution des eaux, et des plantes invasives continueront à se développer tant que ce problème ne sera pas réglé.
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