Le Salon du livre et des éditeurs est le rendez-vous de référence pour les spécialistes du livre et les amateurs de lecture qui attire chaque année de plus en plus de visiteurs. À Madagascar, le monde de l’édition est constitué d’une quinzaine de maisons principalement spécialisées dans la publication d’ouvrages religieux. Comment les jeunes éditeurs essaient-ils de percer dans ce milieu dominé par un type de littérature ?

De notre correspondante à Antananarivo,
Sur la quinzaine de stands de maisons d’éditions, seuls trois proposent autre chose que des livres religieux. C’est le cas de celui de Marie-Michèle Razafintsalama, la fondatrice des Éditions Jeunes Malgaches, également vice-présidente de l'Association des éditeurs de Madagascar. Elle a été la première, au début des années 2000, à se spécialiser en littérature jeunesse. Tout un défi.
« On travaille avec beaucoup d’associations qui font la promotion de la lecture et c’est comme ça qu’on arrive à faire connaitre nos productions et à mettre le livre dans les mains des enfants, explique-t-elle. Et c’est très important, parce que la lecture n’est pas du tout dans les habitudes des enfants malgaches. Il ne suffit pas de produire, il faut trouver aussi le lecteur. »
En 10 ans, l’éditrice a véritablement vu l’intérêt de la classe moyenne grandir pour le livre. De quoi encourager l’entrepreneuse à publier trois à quatre titres par an, malgré certains obstacles à contourner. « La difficulté, actuellement, c'est qu’il y a très peu de librairies sur l’île, même à Tana, qui achètent nos livres. Soi-disant c’est cher. Du coup, nos livres ne sont pas visibles pour la clientèle malgache alors qu’il y a des besoins. Alors, on travaille beaucoup sur Facebook pour faire connaitre nos livres et il y a beaucoup de gens qui achètent directement sur Facebook maintenant. »
« Il y a des Malgaches qui veulent de beaux livres »
Autre audacieux, Fano Razafimamonjiraibe, le fondateur de la toute jeune maison d’éditions Teny, créée fin 2021 et spécialisée dans l’édition de beaux livres jeunesse. Tour à tour économiste, graphiste, photographe, webmaster, cet amoureux des livres est parti d’un constat : « J’aime les livres, j’ai appris tous mes différents métiers dans les livres. J’étais membre du centre Albert Camus, aujourd’hui renommé Institut français, et c’est dans leur bibliothèque que j’ai emprunté tous les livres qui ont fait qui je suis actuellement. Je me suis alors rendu compte qu’il y avait des manques par rapport à tout ce qui concerne Madagascar, parce que toutes les éditions étaient des éditions étrangères. Et j’avais des envies particulières pour certaines thématiques qui n’étaient pas traitées dans ces livres. C’est ça qui a fait, de fil en aiguille, que j’ai créé la maison d’éditions Teny. On a commencé avec des livres tout cartonnés, illustrés par des auteurs malgaches, sur des thèmes qui touchent particulièrement les enfants malgaches, et en malgache. Ça n’existait pas à Madagascar, on est les premiers ! »
Avec des livres vendus 25 à 50 fois plus chers que ceux des éditeurs de livres fascicules, Fano a été raillé par ses confrères, qui ne croyaient pas à son modèle économique. Pourtant, assure-t-il, « le marché existe. Il y a des Malgaches qui veulent des beaux livres. Ils sont prêts à mettre le prix. Mais ils veulent de la qualité. Je me suis rendu compte qu’il est plus facile de vendre un livre à 70 000 ariary (15€) que 70 livres à 1 000 ariary (0,20€) », plaisante-t-il.
Un marché de niche, qui offre une bouffée d’air frais et de renouveau à l’édition du livre malgache.
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