Ouganda: face à la menace des ADF, la frontière avec la RDC placée sous sécurité renforcée [1/3]
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En Ouganda, le massacre attribué aux ADF de 43 personnes le 16 juin dernier dans l’école secondaire de Mpondwe, à seulement quelques kilomètres de la frontière avec la RDC, a marqué la région, depuis de longues années épargnée par ces attaques. Depuis, les opérations de sécurité se sont multipliées pour éviter de nouveaux assauts par le groupe rebelle qui a prêté allégeance à l’État islamique en 2019.

De notre correspondante à Kampala,
À quelques mètres du poste de Mpondwe, Evelyn Kimadi se prépare comme tous les jours à traverser la frontière vers Kasindi, en RDC, pour vendre son stock de bananes plantains. Après l’attaque de l’école secondaire par de présumés ADF, elle a attendu plusieurs jours avant de recommencer à travailler.
« Le commerce a repris, mais pas au même niveau qu’avant. Ces jours-ci, la règle est de revenir de ce côté à 18 heures. Avant, quand on allait en RDC, on se sentait en sécurité. Mais maintenant, on a peur », affirme-t-elle.
De nouveaux déploiements de police et de militaires sont venus renforcer la sécurité autour de la frontière. Saiti Bwambale transporte lui aussi tous les jours des marchandises en RDC. Selon lui, depuis le massacre, les contrôles des commerçants ont été renforcés : « Nous traversons, mais la sécurité a été durcie, parce que même si on nous connaît, on nous demande nos papiers, qui on est, où est-ce que nous allons. »
Multiplication des réunions des responsables de huit circonscriptions à proximité de la frontière, enregistrement des visiteurs inconnus dans les différents villages, arrestations d’au moins une vingtaine de personnes, dont le directeur de l’école attaquée ainsi que le professeur principal, depuis libérés sous caution.
Faire remonter les informations
Selon le lieutenant Mate Magwara, l’un des responsables sécuritaires de la zone, des leçons ont été tirées après le drame, notamment pour le renforcement de la protection des établissements scolaires. « Par exemple, nous assurons que le partage des informations des résidents aux organes de sécurité soit plus rapide, et qu’une école, au lieu d’avoir un seul garde, puisse en avoir trois ou quatre, pour que le processus de secours et d’alerte, soit renforcé. »
La participation des populations dans le renforcement de la sécurité est primordiale pour faire remonter toute information, explique Sunday Peter Kakule, à la tête du groupe qui rassemble les leaders de huit circonscriptions, alors que les enquêteurs s’interrogent sur les liens locaux du groupe armé. Mais selon lui, il faut aller encore plus loin.
« Nous proposons aussi que, comme nous sommes à la frontière avec la RDC, nous, les leaders locaux et les équipes de sécurité, nous tenions des réunions transfrontalières. En échangeant, nous obtiendrons des informations. Ce que nous voulons voir, c’est notre commerce transfrontalier renforcé, sans aucune perturbation », assure-t-il.
Le 11 juin, moins d’une semaine avant le massacre de l’école de Lhubirira, de présumés ADF avaient déjà perpétré une première attaque à Kasindi en RDC, juste de l’autre côté de la frontière.
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