Influences russes en Afrique [4/5]: quand la Russie se sert des traditions et des valeurs familiales
Publié le :
« Vos traditions et vos valeurs doivent être respectées », c’est en résumé le message porté par les Russes en Afrique pour contrer ce qu’ils désignent comme l’Occident décadent. La Russie s’apprête ainsi à développer plusieurs projets humanitaires pour aider les plus démunis et notamment les enfants sur le continent. Plusieurs annonces devraient être faites dans ce sens lors du sommet Russie-Afrique qui se tient la semaine prochaine, les 27 et 28 juillet, à Saint-Pétersbourg.

À la tête de ce vaste chantier, Maria Lvova-Belova, la Commissaire russe à l’enfance. Le nom de cette blonde de 38 ans à la douceur trompeuse a fait le tour de la presse internationale en mars dernier lorsque la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt à son encontre ainsi qu’à l’encontre de Vladimir Poutine. Motifs invoqués contre elle : « Crimes de guerre présumés de déportation illégale d’enfants de territoires occupés ukrainiens vers la Fédération de la Russie. »
Déjà en février dernier, lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine, Maria Lvova-Belova exposait au président russe sa volonté de développer des activités humanitaires en Afrique. « Dans le cadre de notre stratégie de partenariat avec des pays africains, je voudrais demander votre bénédiction pour faire de l’aide humanitaire, pour mener une mission humanitaire en Afrique. Il y a beaucoup de besoins liés notamment à la vaccination, aux soins, à l’éducation », plaide la commissaire à l’enfance qui annonce alors la couleur : « Lors du sommet Russie-Afrique, nous consacrerons toute une session à la défense des droits des enfants. »
À écouter aussiInfluences russes en Afrique [1/5]: l’héritage soviétique
Avec la bénédiction de l’Église orthodoxe
« Allez-y », l’encourage alors Vladimir Poutine. Si Maria Lvova-Belova demande au président russe littéralement une bénédiction pour mener son projet en Afrique, c’est par conviction. Profondément pieuse, femme de prêtre et mère de cinq enfants, sans compter ceux nombreux qu’elle a sous sa tutelle, elle a récemment rencontré le chef de l’Église orthodoxe russe pour lui parler de son travail, notamment en Afrique.
Le patriarche Kirill a, lui aussi, béni son engagement en Afrique. Il devrait d’ailleurs être présent au sommet de Saint-Pétersbourg.
À écouter aussiInfluences russes en Afrique [2/5]: Centrafrique, un laboratoire pour les mercenaires russes
Famille et traditions, deux piliers du soft power russe
Pour Maxime Matoussevitch, historien et spécialiste de l’Afrique à l’université Seton Hall du New Jersey, la promotion des valeurs traditionnelles fait partie du soft power russe sur le continent africain. « Lorsque l’on observe ce que la Russie peut offrir à l’Afrique, il n’y a pas grand-chose, mais le peu qui existe est important. Ils exportent des armes : 50% des armes arrivant sur le continent proviennent de la Russie. Pour le reste, ce n’est pas vraiment de l’idéologie, ce sont des idées moralisatrices : la préservation des valeurs traditionnelles, la conception traditionnelle du genre. »
À écouter aussiInfluences russes en Afrique [3/5]: Madagascar, l’élection présidentielle de 2018 infiltrée
Pour ce chercheur d’origine russe, le mandat d’arrêt de la CPI ne devrait pas entraver le travail de la commissaire russe en Afrique. « Il se peut que cela gêne quelques chefs d’État africains, mais ce mandat d’arrêt, c'est surtout une confirmation supplémentaire que la Russie s’oppose véritablement à l’Occident. »
Au programme du sommet de Saint-Pétersbourg, disponible en ligne, une session est bien prévue pour évoquer, entre autres, « les pseudo-valeurs artificielles et contre-nature qui sont activement imposées » par l’Occident.
► Sur France 24
- Du KGB de Khrouchtchev à Poutine, les profondes racines de l’influence russe en Afrique
- KGB en Afrique : éclairage sur le modus operandi d’une URSS en quête d’influence
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne