Reportage Afrique

De mystérieux massacres à Goré, sud du Tchad: colère et crainte d’une escalade [2/2]

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Au printemps dernier, près d’une centaine de personnes ont trouvé la mort dans une mystérieuse série de massacres qui ont touché les régions méridionales du Tchad. Des groupes armés bien organisés, au méthodes particulièrement cruelles mais dont l’identité exacte reste incertaine, ont semé la terreur dans plusieurs villages. Tout a commencé par l’attaque d’un campement peul par un groupe de rebelles tchadiens basé en Centrafrique voisine. Le drame a déclenché un cycle de représailles qui ravivent les tensions entre les communautés ainsi que la défiance entre des populations locales envers les autorités. Suite de l’enquête de notre correspondant au Tchad.

Chez les survivants des massacres, la colère gronde, notamment contre les autorités locales
Chez les survivants des massacres, la colère gronde, notamment contre les autorités locales © Carol Valade / RFI
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De notre correspondant au Tchad,

Parmi les survivants du massacre de Don victimes d’une razzia menée par de mystérieux cavaliers parlant arabe ou peul, la colère gronde. Notamment contre les autorités locales parfois, propriétaires de bétail et qu’ils accusent d’armer les éleveurs pour protéger leurs troupeaux.

Claudine Nkoutou : « Ils ont tué mon mari, mes enfants, mes neveux et mes petits-enfants, toute ma famille. Je n’ai plus rien, pas même une bâche pour me protéger de la pluie. J’aurais préféré qu’ils me tuent avec les autres plutôt que de vivre comme ça. "Je veux que tu portes ma voix pour que le monde sache ce que j’ai subi". Les autorités ne disent rien, elles ne se soucient même pas de notre cas. »

Ils s’estiment persécutés pour des raisons politiques car la zone est réputée favorable à l’opposition : « Les coupables sont toujours en liberté, s’insurge Janvier Bogota, survivant de Don. C’est pourquoi nous accusons les autorités d’être de mèche avec les éleveurs pour nous massacrer. Ils nous tuent en disant que nous sommes des bandits et des rebelles, mais c’est faux. Nous ne sommes que des pauvres agriculteurs, devenus réfugiés ».

Pour le préfet de la Nya Pendé, Abdelkerim Tahir, Les coupables seraient issus d’un groupe rebelle tchadien mu par des ambitions politiques : « C’est un scénario qui a été joué par ces bandits sans foi ni loi qui veulent gouverner ce pays. Ils veulent créer des troubles – soit disant le gouvernement ne peut pas vous protéger. Ces personnes veulent rendre le Tchad invivable et ingouvernable et ce sont les mêmes bandits qui ont tué les éleveurs et qui sont venus au village pour perpétrer ce massacre. »

Crainte de conflits entre éleveurs

L’armée tchadienne est entrée en Centrafrique pour détruire un camp de rebelles après l’attaque d’un campement peul qui a fait des dizaines de morts, dont des vieillards et des enfants.

Cette communauté vit aujourd’hui dans la crainte des représailles, comme nous explique Ali Moussa, chef de ferrick : « Nous n’avons rien à voir avec ça, mais nous sommes victimes. Ceux qui ont massacré à Don sont venus d’ailleurs. C’est absurde que nous nous entretuions comme ça. Nous sommes des Tchadiens, et tous les Tchadiens sont égaux. Qu’on arrête de dire que le Sud, c’est pour les sudistes et le Nord pour les nordistes, ça n’apportera rien de bon »

Avec la fin de la saison des pluies et le début de la transhumance, les analystes craignent que les conflits entre éleveurs et agriculteurs ainsi que les échéances politiques au Tchad n’exacerbent les tensions.

 

À écouter aussiDe mystérieux massacres à Goré, sud du Tchad: une attaque durant la messe [1/2]

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