Reportage Afrique

Présidentielle à Madagascar: la politique est loin d'être la priorité des étudiants

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Le vote des jeunes devrait être, comme en 2018, convoité par les 13 candidats à l'élection présidentielle prévue le 9 novembre prochain à Madagascar. Et pour cause : sur la Grande Île, 65% de la population a moins de 25 ans. Mais pour nombre d'entre eux, la politique est loin d'être la priorité. C'est le cas des étudiants de l'université d'Antananarivo, durement touchés par la hausse du coût de la vie et le manque de moyens alloués à l'enseignement supérieur. Et sur le campus d'Ankatso, la rentrée a été particulièrement difficile.

Sur campus d'Ankatso, la rentrée à été particulièrement difficile pour les étudiants. (Image d'illustrationn)
Sur campus d'Ankatso, la rentrée à été particulièrement difficile pour les étudiants. (Image d'illustrationn) © Pauline Le Troquier/RFI
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De notre correspondante à Antananarivo,

Téléphone à la main, les étudiants photographient les affiches qui tapissent les murs de l’université. Les résultats des examens de l’année passée sont tombés. Mitantsoa, 18 ans, est étudiante en médecine. Elle fait partie des déçus du jour : « J’ai déjà eu les résultats, je redouble la première année. J’ai pleuré aux résultats. Je ne m’y attendais pas du tout. »

Une incompréhension et un certain sentiment d’injustice. Entre la hausse du coût de la vie, des bourses distribuées en retard, Luc, président de l’Association des étudiants en droit, pointe des conditions intenables : « Il y a des étudiants qui viennent le ventre vide, seulement avec un peu d’eau. Donc ils sont obligés de trouver une autre source de revenus. Ils cherchent une alternative de survie, pour ne pas mourir à la fac. Alors, ils doivent délaisser un peu les études. Ils ne peuvent pas étudier complètement. »

« Ils ne vont pas aller voter »

À quelques mètres seulement des couloirs de l’université, Léonce, étudiant en deuxième année d’économie, enfile une tout autre casquette. Il est à la tête d’un multiservice, un centre d’impression et de photocopie accolé à la faculté. Cette activité lui rapporte 7 000 ariary par jour, juste de quoi financer ses fournitures scolaires. « Pour l’instant, cette situation me convient, car je peux à la fois étudier et travailler, confie-t-il. J’envisage de recruter une autre personne qui assurera le service quand je dois aller en cours. Je survis grâce à ce travail, mais quand j’obtiendrai mon diplôme, je trouverai un emploi mieux rémunéré. »

Léonce ne compte pas sur l’élection présidentielle pour améliorer sa situation. Un sentiment largement partagé à l’université, estime, de son côté un autre responsable d’association étudiante, qui pointe une instrumentalisation du vote des jeunes : « Je ne cache pas qu’il y a des politiciens qui viennent ici pour nous parler, ils nous proposent de l’argent pour faire des manifestations. C’est un phénomène récurrent ici à l’université. En ce moment, en contexte présidentiel, ça prend beaucoup plus d’ampleur. Mais les étudiants, eux, nous sommes sûrs et certains qu’ils ne vont pas aller voter. »

Le 9 novembre prochain, les 18-35 ans représenteront à eux seuls près de la moitié des électeurs, selon les chiffres de la Commission électorale nationale indépendante.

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