Reportage Afrique

Le slam, genre artistique incontournable à Abidjan

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Au croisement de la poésie et de l’art de la scène, le slam s’est imposé en Côte d’Ivoire comme un genre artistique incontournable, à la popularité solide. Pour comprendre ce succès, RFI a tendu son micro aux slameurs d’Abidjan, sur scène et en dehors.

La slameuse Amee sur scène pour le festival Babi Slam, à Abidjan, le 21 octobre 2023.
La slameuse Amee sur scène pour le festival Babi Slam, à Abidjan, le 21 octobre 2023. © RFI/Marine Jeannin
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De notre correspondante à Abidjan,

Le public du slam est un public fidèle. Il donne la réplique aux artistes, connaît leurs gimmicks et leurs mélodies. Car le slam, c’est de la poésie, mais pas seulement : des interactions avec le public, de l’improvisation parfois, des textes murmurés, scandés ou rapés, une mise en scène, de la musique…

Le slam connaît à Abidjan un succès jamais démenti depuis le début des années 2000, et s’est progressivement professionnalisé. « Ça évolue bien ! Nous, on a commencé avec deux spectateurs, et aujourd’hui, on arrive à faire 600 places, 800 places, 1500 places, fait valoir le doyen Bee Joe, slameur depuis 1990 et président de la Fédération ivoirienne de slam. Et quand on va en compétition internationale, on se classe parmi les meilleurs. On a été 3ᵉ au niveau mondial, demi-finalistes cette année. Je pense que c’est dû à notre diversité. D’un slameur à un autre, le champ est large. Ici, il y a du rythme, de l’impact, de la percussion. »

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« Ça slame du tonnerre ! »

Le secret de son succès ? Parvenir à se réinventer sans cesse. Ainsi, ce milieu très masculin a vu naître ces dernières années une nouvelle étoile, une jeune femme, Amee, qui porte sur scène des textes politiques et féministes. « C’était rare à l’époque de voir une femme prendre la parole sur cet angle. Et puis, le fait que j’ai des textes très engagés, qui parlent de la condition de la femme, c’est juste le reflet de ce que j’ai vécu, de ce à quoi j’ai assisté au quotidien. C’est assez masculin, mais étrangement, c’est l’un des milieux où les femmes sont le plus respectées, le plus à leur aise », explique-t-elle.

Le collectif Au Nom du Slam, présidé par Amee, organise tous les ans le festival Babi Slam, qui attire des artistes internationaux. Cette année, pour la 7ᵉ édition, une jeune Française, Chloé M, était invitée à participer au jury : « À partir du moment où on m’a dit “Tu vas aller slamer en Côte d’Ivoire”, j’ai dit oui dans la seconde ! Je trouve ça génial, parce qu’en France, le slam n’est pas forcément très développé, tout le monde ne connait pas encore. Je me disais déjà qu’il fallait faire connaître le slam en France, et je ne me rendais pas compte que dans plein d’autres pays, il y avait des slameurs ! Notamment les pays d’Afrique, ça slame du tonnerre en fait ! »

La scène en Côte d'Ivoire compte près de 200 artistes répertoriés par la Fédération. Auquel s’ajoutent des centaines de slameurs amateurs et de passionnés.

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