Dix ans après sa mort, une exposition revient sur l'héritage de Nelson Mandela à Johannesburg
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Cela fait dix ans que l'Afrique du Sud a perdu Nelson Mandela. Le père de la nation arc-en-ciel est décédé, à l’âge de 95 ans, le 5 décembre 2013. Célébré pour son œuvre de réconciliation, l’ancien prix Nobel de la paix laisse cependant derrière lui des rêves inachevés. Une exposition autour de son image et son héritage est en ce moment proposée par la Fondation Nelson Mandela de Johannesburg.

De longs panneaux transparents ont été temporairement installés dans deux lieux universitaires du pays. Les étudiants et les passants ont pu inscrire dessus, au marqueur noir, ce que signifie pour eux le fait que Nelson Mandela ne soit plus de ce monde. « On peut lire des choses comme "son héritage a permis que les pauvres restent pauvres, et les riches restent riches". Mais il y en a d’autres qui citent des extraits de la Bible pour comparer Mandela à Jésus par exemple. Il y a celui-là aussi, qui dit : "J’ai l’impression que c’est une figure surfaite", et c’est en effet intéressant d’observer qu’il y a autant de focalisations autour de Mandela, et moins sur le reste », explique Kneo.
Ces panneaux font maintenant partie de l'exposition « Nelson Mandela is dead », clin d’œil au célèbre « Dieu est mort » du philosophe Nietzsche. Kneo Mokgopa, qui travaille pour la Fondation de l’ancien leader, a ainsi voulu réfléchir à la place que prend toujours cette figure dans la société, et le vide laissé derrière : « Cette idée de sauveur est un étrange concept de la politique sud-africaine. On voudrait que quelqu’un vienne, pour nous montrer le chemin, pour nous élever. Et très souvent, on nous pose la question : qu’aurait-il dit aujourd’hui, Mandela, qu’aurait-il fait ? C’est une forme de deuil, on aimerait qu’il soit toujours là, et qu’il nous sauve à nouveau, mais il ne le fera plus ! »
« Mandela a joué le rôle qu’il pouvait »
Menzi Mkiva, 28 ans, considère pour sa part qu’en pointant du doigt les erreurs de Mandela, la jeune génération reste trop passive et devrait prendre son destin en main. « Tout cela devrait nous pousser à l’action, à nous demander ce que cette génération fait pour sortir l’Afrique du Sud de cet état, avec les délestages, les tensions raciales, ces problèmes qui persistent après sa mort. Mandela a joué le rôle qu’il pouvait, et maintenant, il nous a laissé le relais. »
Certains reprochent par ailleurs au lauréat du prix Nobel de la paix, d’avoir fait trop de concessions lors de la transition en 1994. Pour la plus ainée de ses petits-enfants, Ndileka Mandela, il faut maintenant aller de l’avant : « Si vous conduisez une voiture, et que vous regardez toujours vers l’arrière, vous allez entrer en collision. Le premier outil, pour décider de notre futur, était le droit de vote. Et leur génération y est parvenu, leur slogan c’était "la liberté, de notre vivant !" Ensuite, le deuxième bloc était de la responsabilité des générations après eux : qu’ont-ils achevé ? »
Tous reconnaissent cependant que « Tata Mabida », comme il était affectueusement appelé, n’était pas un homme sans failles, et qu’il est sain que son héritage soit régulièrement revisité.
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