Reportage Afrique

Le festival Réminiscence explore la richesse de la littérature ivoirienne

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À l’occasion de la CAN, le festival culturel Réminiscence organise à Abidjan une exposition collective qui célèbre quatre piliers de la littérature ivoirienne : les romanciers fondateurs Bernard Dadié et Ahmadou Kourouma, l’autrice jeunesse Jeanne de Cavally et le poète et dramaturge Niangoran Porquet. 

Les écrivains Alain Tailly et Véronique Tadjo en bas, et à droite le slameur Placide Konan.
Les écrivains Alain Tailly et Véronique Tadjo en bas, et à droite le slameur Placide Konan. © RFI/Marine Jeannin
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De notre correspondante à Abidjan,

Ces mots sont issus du célèbre ouvrage autobiographique de Bernard Dadié, Climbié. Le titre de l’exposition, « Créons pour ne pas mourir des imitations », a été emprunté lui aussi à cette figure tutélaire de la littérature ivoirienne, qui a ouvert en Côte d’Ivoire le champ de la poésie, des contes et des nouvelles… « On se trompe souvent sur cette Afrique des années 1930 à 1960, observe Nicole Vincileoni, spécialiste de Bernard Dadié – dont un quart de l'œuvre n’a jamais été publiée – et secrétaire générale de sa bibliothèque-archives. On se trompe sur ces générations, qui étaient des générations qui avaient un besoin fou de culture, de connaître le monde, qui apprenaient toutes les langues, si c’était possible, et toutes les cultures... Et puis après, bizarrement, avec les indépendances, il y a eu comme un repli sur soi. »

Pour trouver sa voie, la littérature de la Côte d’Ivoire indépendante a dû rompre avec l’académisme colonial – avec les imitations, justement – et se rapprocher de sa propre culture, indique Alain Tailly, ingénieur culturel et écrivain : « C’est une littérature relativement jeune. C’est une littérature en construction, qui a commencé par imiter les grands maîtres français. Mais à partir des années 1960, qui a produit des textes où elle revendiquait une originalité de la langue, notamment avec Les Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma, l’immense Kourouma. Une littérature d'affirmation, de quête d’une identité ».

Une identité étroitement liée aux traditions orales de la Côte d’Ivoire, pour l’écrivaine Véronique Tadjo, qui a elle-même repris l’histoire de la reine fondatrice du royaume Baoulé dans son ouvrage Reine Pokou, avec une lecture moderne du mythe à la lumière de l’histoire politique de son pays. « Moi, j’ai été nourrie au conte, et l’oralité est très importante. Et elle continue, d’ailleurs. Une oralité urbaine, on le voit avec les jeunes qui s’emparent du nouchi, qui continuent ce travail sur la langue française. Qui ressentent cet héritage comme le leur, mais qui veulent que cette langue ressemble à leur réalité », indique-t-elle.

Avec 600 écrivains publiés en Côte d’Ivoire, les jeunes talents sont nombreux, les maisons d’édition également. Mais la chaîne du livre a désormais besoin d’être dynamisée et structurée, plaide Alain Tailly, et de s’étendre sur tout le territoire ivoirien, pour toucher les lecteurs hors des murs d’Abidjan.

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