RDC: les agriculteurs de Manomapia face au désastre de l'exploitation minière [2/2]
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Au quartier Manomapia, dans la commune de Fungurume, la pollution due à l’exploitation minière n’affecte pas seulement l’air. Les habitants se plaignent que le sol et l’eau sont aussi contaminés par le gaz provenant de l’usine de traitement du cuivre et du cobalt de Tenke Fungurume Mining (TFM). Les cultures sont détruites. Des accusations que l’entreprise continue de rejeter, les considérants non-fondées. C’est le deuxième volet du reportage Manomapia sous l’emprise de l’exploitation minière.

De notre envoyée spéciale de Fungurume,
Le quartier Manomapia est construit sur des collines. Presque chaque ménage a un jardin. On y trouve des légumes et surtout du maïs frais. Mais certaines plantes ont fané comme si le feu était passé par là. Debout dans son champ situé à 10 mètres de sa maison, Kasongo Mujinga est consternée : « Regardez l’état des plantes de maïs, pourtant nous sommes en saison des pluies. Regardez…. Tout est brûlé par l’acide, j’ai décidé de tout arracher. »
Les arracher….. Car le service de l’environnement de la commune a interdit de consommer même les légumes, explique Jeanne Kapanga, sa voisine : « Que ce soit les légumes de nos jardins ou encore le maïs, nous avons l’ordre de ne pas les consommer. Ils nous ont dit que c’était contaminé par l’acide et que cela pouvait avoir des effets nocifs sur la santé. Mais, nous n’avons pas de choix. Nous les consommons. »
Toute la récolte brulée par l'acide
Une houe sur son épaule, Tshinyemba Koj revient de son champ situé dans la périphérie. Pour lui aussi, c’est la désolation, car l'agriculture est sa principale activité : « Il y a la patate douce, la courge, le maïs. Mais nous n'y touchons plus. On ne peut plus les consommer, tout est détruit. Comment allons-nous vivre ? Nous ne sommes pas des salariés, nous ne sommes que des cultivateurs. Là, les enfants ont été renvoyés hier de l’école, que vais-je faire ? »
William Yav, un autre agriculteur, se voit aussi dépourvu de sa seule source de revenu. Il pense qu'il réalisera une mauvaise récolte sur son champ de maïs de deux hectares : « La culture du maïs n’est pas bonne cette année. Nos champs sont à l’image de ce que vous voyez ici dans le quartier, tout le maïs a brulé, il n’y aura pas de production cette année, c’est la galère. »
Enquête en cours
Pour l’heure, l’étendue des champs impactés par l’activité minière de TFM n’est pas connue, car ces agriculteurs ne sont pas identifiés, explique Eric Muland, chef de service de l’agriculture de la commune de Fungurume : « L’agriculteur est censé acheter sa carte de planteur. Elle nous permet ainsi de l'identifier ainsi que son site d’exploitation. Et il va bénéficier de l’encadrement technique par des conseils. Et en cas de désastre, il sera assisté par des agronomes. »
En attendant les conclusions de la commission d’enquête mise en place par le gouvernement provincial du Lualaba, certains paysans exigent déjà qu’ils soient indemnisés.
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