Procès du 28-Septembre en Guinée: les images du massacre du stade projetées pendant l'audience
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En Guinée, le procès du massacre du stade de Conakry vient de connaître un moment fort. Lors de l’audience du mercredi 28 février ont été diffusées les images de la tuerie. Plus de 150 personnes ont été assassinées par les forces de défense et de sécurité guinéennes, lors d’un meeting de l’opposition organisé le 28 septembre 2009.

De notre correspondant à Conakry,
Un drap blanc a été tendu contre un mur pour y projeter les images du massacre. « C’est une vraie innovation. À travers cette vidéo, on voit la répression, on entend des coups de fusil et on comprend effectivement le carnage qu’il y a eu au stade et surtout l’acharnement des militaires dans la répression. C’est un élément très important pour la suite du procès et qui, nous l’espérons va emporter la conviction du juge », a déclaré Maître DS Bah, coordinateur du collectif des avocats des victimes à la sortie de cette audience, très intense.
C’est la première fois que des vidéos sont ainsi diffusées lors d’un procès criminel en Guinée. Devant un public clairsemé, car selon l’avocat certaines victimes ont été renvoyées chez elles. Il ne fallait pas risquer de les « retraumatiser » : « Je dois vous dire que c’est avec une forte émotion que le capitaine Moussa Dadis Camara a visionné cette vidéo. » Maître Pépé Antoine Lamah défend l’ancien président putschiste et principal accusé, le capitaine Moussa Dadis Camara.
« À aucun moment, on a projeté ici un quelconque élément qui indique ou qui montre le capitaine Moussa Dadis Camara en train de donner des instructions, des ordres ou des moyens à qui que ce soit daller commettre des crimes qu’on est en train de juger aujourd’hui. »
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Sur les images sépia, tournées il y a 14 ans à l’aide de petits caméscopes à cassettes, on ne voit pas toujours les détails. Mais le récit du massacre, tel que l’ont raconté les victimes et les témoins, s’anime sur grand écran. Au stade, la foule en liesse entre en premier, suivie des leaders politiques et enfin des militaires venus clôturer ce meeting funestement.
« Ces violences ont été filmées »
Lamarana Sow est journaliste. À l’époque, c’est un jeune vidéaste, sans caméra. Quand il croise un ami muni d’un caméscope, il décide de le suivre dans la manifestation : « On a filmé ces scènes jusqu’à ce que les choses ont commencé à changer du côté du stade du 28 septembre à partir du moment où des leaders politiques sont bastonnés. Je peux vous assurer que j’ai pu filmer une grande partie de ces violences. »
Mais personne ne verra jamais cette vidéo : « Ce qui est arrivé ce dimanche, malheureusement, le gars était très mal équipé et il ne savait pas qu’il allait filmer ces violences. Il lui restait une cassette où il avait filmé un baptême, il l’a rembobiné et filmé dessus le massacre. »
Quelques vidéos seulement du massacre ont pu être conservées. Elles font partie aujourd’hui des rares preuves que contient le dossier.
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