Congo-B: 80 ans après, que devient le site qui a abrité la conférence de Brazzaville?
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En 1944, Brazzaville, capitale de la France libre en pleine Seconde Guerre mondiale, abritait une conférence chargée de se pencher sur la transformation de l’Empire colonial français après les bouleversements de la guerre. Le rendez-vous a débouché sur des conclusions très conservatrices mais il a tout de même marqué une étape dans l’histoire de la décolonisation des anciennes colonies françaises d’Afrique. 80 ans après, le site où s’est tenue cette grand-messe n’est plus que l’ombre de lui-même. Des projets sont en cours pour le réhabiliter.

De notre envoyé spécial à Brazzaville,
En plein centre-ville de Brazzaville, juste derrière le Conseil économique et social, à un jet de pierre du palais présidentiel, se dresse cette vieille bâtisse de 1910 appelée à l’époque Cercle civil et militaire. En 1944, ce bâtiment a abrité la Conférence de Brazzaville. Une réunion qui a représenté une étape dans la décolonisation, même si ses conclusions sont restées très timides sur l’évolution politique des colonies africaines de la France. Stevio Ulrich Baralangui est chercheur et enseignant d’histoire contemporaine à l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville : « La conférence de Brazzaville a apporté des changements importants constatés à partir de 1946, avec la suppression du code de l’indigénat et du travail forcé. Mais la conférence de Brazzaville n’avait pas tenu toutes ses promesses parce que c’est le colonisateur qui a planché sur le devenir des anciennes colonies en l’absence des colonisés. »
Une bâtisse en friche
Au pied de vieux manguiers, cette bâtisse, séparée du fleuve Congo par une route dominée par un pont à haubans, est devenue plusieurs années plus tard le siège de l’Alliance française et ensuite le Centre de formation et de recherche en art dramatique (CFRAD).
Florent Sogni Zaou, journaliste et écrivain, y a présenté sa première pièce de théâtre intitulée Homme d’affaires, il y a 40 ans : « C’est une maison qui nous a vu grandir. C’est là-bas que j’ai assisté à la première exécution d’une pièce de théâtre. Et lorsque j’ai écrit moi-même, je suis allé vivre ce que je n’avais pas prévu de vivre », raconte-t-il.
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En effet, cette maison est à l’abandon : des herbes et des petits papayers poussent sauvagement par-ci par-là. « Nous avons vu cette maison mourir. Aujourd’hui, le CFRAD est méconnaissable. D’ailleurs, quand vous y arrivez, vous trouvez un gros cadenas et une grosse chaîne. Ça signifie que la porte principale ne s’ouvre plus. Pour y entrer, il faut passer par le derrière et par là, il y a des crevasses », déplore M. Sogni Zaou.
Bientôt réhabilitée
L’heure est désormais à la réhabilitation. À la suite de la dernière visite du président français Emmanuel Macron à Brazzaville, une convention a été signée dans ce sens, à la grande satisfaction de Jean-Omer Ntadi, conservateur du patrimoine culturel. « Là, il y a toutes les démarches nécessaires qui vont déboucher sur l’inscription du CFRAD sur la liste du patrimoine national. Et, au lendemain de la liste nationale, on pourrait faire en sorte que ça rentre dans la liste du patrimoine mondial. »
La France a offert une enveloppe de 4 millions d’euros (plus de 2,6 milliards de FCFA) pour la réhabilitation de cet endroit.
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