Au Cap-Vert, le défi des archéologues africains de rendre accessible à tous le patrimoine sous-marin [3/3]
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Après avoir fouillé les sites au fond de l'océan se pose la question de la transmission de cet héritage marin, qui de facto est invisible et peu accessible. Plusieurs pistes sont explorées par les archéologues, entre numérisation des sites et des objets collectés, la création de musées, l'intégration de cette discipline dans l'éducation ou la création de circuits accessibles aux touristes.

De notre envoyée spéciale à Praia,
Dans la réserve du musée d’archéologie de Praia, une poterie africaine est prise en photo sous toutes ses coutures sur un fond noir, à la lumière de deux grands projecteurs. Un travail de numérisation de cet objet rare récupéré dans les fonds marins qui se fait sous la supervision de Patricia Carvalho, archéologue portugaise. « C’est important d’avoir une version digitale des céramiques pour pouvoir les observer, voir toutes les fonctionnalités et prendre des mesures. Et si l’objet est intéressant, il pourra être montré en ligne. Les gens peuvent le voir et interagir. »
D’autres objets sont accessibles au public physiquement, au musée d’archéologie sous-marine de l’île de Boavista. Abraão Vicente, ministre cap-verdien de la Culture, est fier de l’avoir inauguré l’année passée : « Nous avons intérêt à la préservation, la recherche scientifique ne doit pas avoir qu'un but universitaire. Le plus important est de tirer les connaissances et de les partager avec le public pour qu'ils prennent conscience de ce que nous possédons et participent à la préservation. »
Intégrer le patrimoine dans le programme scolaire
D’autres objets sont laissés sous l’eau in situ, comme le recommande la convention de l’Unesco de 2001. Pour y avoir accès, le Cap-Vert a lancé deux circuits archéologiques sous-marins, ouverts aux touristes. Le plongeur Emanuel Charles d’Oliveira a travaillé sur ce projet avec l’Institut du patrimoine culturel du Cap-Vert. « C’est une façon de contribuer à l’économie nationale. Avant de choisir une épave, il faut s’assurer que toutes les informations ont été prélevées, ou que tous les objets ont été récupérés, si ce n’est pas le cas on les laisse de côté. »
Pour qu’un maximum de personnes soient touchées et sensibilisées, la doctorante en archéologie Khadija Diop fait une thèse sur le patrimoine culturel subaquatique et l’éducation au Sénégal. « Notre objectif final, c’est de pouvoir intégrer le patrimoine dans le programme scolaire, au Sénégal. On a déjà commencé à produire des documents pédagogiques qui permettent aux enfants de comprendre le concept de patrimoine culturel subaquatique et de constater également que cet important héritage leur appartient. »
Tout le défi des archéologues est donc de rendre visible l’invisible, ce patrimoine qu’il est impossible de voir à l’œil nu.
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