Reportage Afrique

RDC: quel avenir pour le transport en taxi-vélo? [4/4]

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Autrefois, ils étaient plusieurs centaines de taxis-vélos dans les rues de Kisangani, mais on estime qu’il y en aurait désormais moins de 100 à se cramponner au métier. Les tolekistes – comme on les appelle dans le chef-lieu de la province de la Tshopo, dans le nord-est de la RDC – sont voués à disparaître. La rude concurrence des motos-taxis semble en effet les contraindre à changer de métier, voire à devenir eux-mêmes motos-taxis. Mais qu’en pensent les usagers et les conducteurs de ce moyen de transport atypique ?

Un tolekiste transporte une femme sur l'avenue Bonsomi à Mbandaka, au nord-ouest de la RDC en 2018. (Image d'illustration)
Un tolekiste transporte une femme sur l'avenue Bonsomi à Mbandaka, au nord-ouest de la RDC en 2018. (Image d'illustration) AFP - JUNIOR D. KANNAH
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Les rayons du soleil levant percent à peine le quartier Kabondo. Les deux mains posées sur son vélo, Augustin Fataki sort de sa maison en terre battue avant de dire au revoir à sa maman. Direction le grand marché de Kisangani, lieu de parking de vélos Toleka, l’emblématique deux-roues du chef-lieu de la province de la Tshopo. Arrivée au parking après une bonne demi-heure d'attente, un premier client repère Fataki.

Atout, 50 ans révolus, visage ridé, grimpe sur le siège arrière du Toleka garni d'un coussin et décoré de broderie jaune, vert, rouge, cousu à la main. Sur le trajet vers la destination commandée, un échange est lancé entre les deux hommes : la survie des Toleka face à la farouche concurrence des taxis motos.

« Je constate que les motos deviennent plus nombreuses et ils sont plus rapides, peux-tu les concurrencer ? », demande Atout. « Ils ont de meilleures recettes parce qu’ils ont des moteurs, ils peuvent faire un aller-retour alors que moi, je suis encore sur ma première course, le temps de la course est vraiment différent », répond Fataki.

Aux inquiétudes se mêlent la crainte de l'abandon de ce métier historique. « Si tu n’abandonnes pas et que tu vois que la tendance est plutôt vers la disparition de Toleka, comment vas-tu te sentir ? », questionne Atout. « Si ce transport disparait, il n’y a pas de problème, c’est Dieu qui donne et j’ai beaucoup trainé dans ce métier, j’ai envie de faire autre chose », répond Fataki.

« Nous sommes amenés à disparaitre »

Arrivé à destination, la course est payée en espèces. Les jours des vélos-taxis à Kisangani semblent désormais comptés, comme le constate aussi cet autre Tolekiste : « Nous ne sommes plus qu’une quarantaine alors qu’avant, nous étions plus de 10 000. Nous sommes amenés à disparaitre. »

Le vélo-taxi n’a plus beaucoup d’avenir à Kisangani, pense cet autre client : « S’il y a une hausse du prix de l’essence, nous prenons souvent les Toleka, les vélos étaient là avant les motos. Je vois que les motos augmentent en nombre, et la ville s’agrandit, le vélo va rester pour d'autres types de courses, mais pas pour le transport de personnes. »

En attendant l’abandon total du vélo-taxi Toleka, quelques amoureux du deux-roues continuent à se mouvoir avec, à Kisangani.

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