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Guinée: des victimes de déguerpissements de Kaporo-rails enfin indemnisées

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En Guinée, en 1998, des larmes et du sang avaient coulé à Kaporo-rails, un quartier chic de la banlieue de Conakry où le régime d’alors avait déguerpi de force les habitants sous prétexte que cette terre appartenait à l’État. Vingt-six ans plus tard, les nouvelles autorités guinéennes ont donné des terres aux milliers de victimes d'évictions forcées menées par les gouvernements précédents, du général Lansana Conté en 1998 et celui d’Alpha Condé en 2019.

Remise du titre foncier de 258 ha au bénéfice des victimes à Wonkifong dans les périphéries du Grand Conakry, le samedi 14 septembre. À gauche, la ministre de l'Environnement Mme Diamy Diallo ; au milieu en blanc Mme Maimouna Laure Barry ; en boubou jaune Elhadj Alpha Oumar Diallo, président du Collectif des victimes du deguerpissements de Kaporo-rails ; tout à fait à droite au fond, le Général Amara Camara, ministre secrétaire général de la présidence.
Remise du titre foncier de 258 ha au bénéfice des victimes à Wonkifong dans les périphéries du Grand Conakry, le samedi 14 septembre. À gauche, la ministre de l'Environnement Mme Diamy Diallo ; au milieu en blanc Mme Maimouna Laure Barry ; en boubou jaune Elhadj Alpha Oumar Diallo, président du Collectif des victimes du deguerpissements de Kaporo-rails ; tout à fait à droite au fond, le Général Amara Camara, ministre secrétaire général de la présidence. © République de Guinée
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De notre correspondant à Conakry,

Wonkifong, sur les hauteurs du Grand Conakry, a vécu le 14 septembre une grande scène de liesse populaire. Des victimes de déguerpissements menés sous le régime du général Lansana Conté et d'Alpha Condé ont reçu un titre foncier de 258 hectares en guise de compensation offerte par le gouvernement. Ce recasement n'est que justice, estime Maïmouna Laure Mah Barry, la directrice générale de la Société nationale de promotion immobilière, chargée d'aménager le site : « Cette cérémonie n'est pas simplement un acte administratif. Elle est le symbole vivant d'une justice rendue, d'une réconciliation en marche et surtout de la volonté indéfectible de l'État guinéen de garantir à chaque citoyen la jouissance de ses droits les plus fondamentaux. »

Plus de 2 600 ménages avaient été chassés, certains nuitamment, sans savoir où aller. C'est une reconnaissance du droit des victimes qu'on est en train de rétablir, selon la directrice de la Sonapi, Maïmouna Laure Mah Barry : « Cette compensation foncière est une reconnaissance solennelle de la dignité humaine et un acte fort de justice sociale. » 

Samba Sow, le porte-parole des victimes, plaide pour que les autorités aillent plus loin. « Le plus important est franchi, estime-t-il. Nous demandons humblement au président Doumbouya de continuer à nous assister pour la mise en place du fonds d'indemnisation des victimes. » 

Pour le général Amara Camara, le représentant du chef de l'État, une plaie béante va se cicatriser. Il invite les victimes à soutenir les nouvelles autorités : « La solution à tous nos problèmes se trouve dans la paix, dans la stabilité, mais surtout, et j'insiste, dans la continuité. Je voudrais donc inviter chacun et tous à vous inscrire dans cette dynamique de continuité qui nous permettra ensemble d'atteindre les objectifs de la refondation. »  

Plus de 20 000 personnes avaient été déplacées de force lorsque les gouvernements de Lansana Conté et d'Alpha Condé avaient fait démolir le quartier de Kaporo-rails, dans la banlieue de la capitale guinéenne.

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