Mawlid, ce qui se joue derrière la fête religieuse aux Comores
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Aux Comores, c’est le Mawlid, une fête lors de laquelle est célébrée la naissance du prophète Mohamed, le dernier prophète de l’islam. Cet événement rassemble fidèles et personnalités publiques dans une ambiance festive. Une fête qui, au-delà de son caractère spirituel, est un moment culturel de partage social majeur.

De notre envoyé spécial à Mvouni, sur les hauteurs de Moroni,
Lecture de versets du Coran, textes à la gloire du prophète, prêches : les villages vibrent au rythme des fêtes du Mawlid pendant tout un mois. Tour à tour, les localités accueillent et offrent des repas copieux aux visiteurs venus parfois de loin pour participer à cette célébration. « Le Mawlid Nabawi donne un espace de consolidation de la cohésion sociale, tout le monde y participe, c’est un moment de rassemblement, un moment aussi de convivialité, explique Msa Ali Djamal, sociologue. Les gens se retrouvent à table, les clivages sociaux sont gommés pendant ce moment. »
Les personnalités publiques se doivent également d’être présentes et c’est l’occasion pour les hommes politiques de renforcer leurs positions. Mais lors de ces cérémonies, les divergences d’opinions n’ont guère de place. « On ne cherche pas à savoir qui est opposant, qui est au gouvernement, souligne Abderemane Wadjih, docteur en anthropologie, tous ces gens-là se côtoient. De la même manière, dans les Mawlid, on peut retrouver des gens venus de localités qui ne s’entendent pas forcément, mais pour une fois, on enterre la hache de guerre. »
« Garder cet islam traditionnel est un acte de résistance culturelle »
Plus qu’une simple fête, le Mawlid est aussi une forme de résistance culturelle face aux influences extérieures. Le docteur en anthropologie Abderemane Wadjih souligne l’importance de préserver cet islam local traditionnel, ancré dans les pratiques ancestrales : « On le sait, certains courants religieux qui s’implantent aux Comores ne veulent plus entendre parler de Mawlid. Conserver cette pratique relève d’une résistance. Garder cet islam traditionnel est un acte de résistance culturelle, ce n’est pas seulement religieux. »
Lors du Mawlid, un sachet contenant deux biscuits comoriens et une boisson est offert à chaque participant, un geste symbolique, selon Abdou, participant au Mawlid de Mvouni. « Ce n’est pas qu’on ne peut pas acheter le sachet, sourit-il, mais c’est une fierté, car les enfants seront contents que leur père soit allé à un Mawlid et revienne avec un sachet. »
À la fin de chaque Mawlid, un notable de la localité d’accueil remercie les participants et leur souhaite bon retour chez eux. Le lendemain, dans un autre village, le même rituel recommencera.
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