Côte d’Ivoire: la nouvelle exposition personnelle d’Elladj Lincy Deloumeaux à Abidjan
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Au-delà du jardin, il y a la mer est une exposition où les œuvres mixtes, entre le tableau et la sculpture, de l’artiste guadeloupéen de 29 ans sont à découvrir à la galerie Cécile Fakhoury.

De notre correspondante à Abidjan,
L’exposition se veut d’abord immersive : les décors des toiles sont répliqués sur les murs, couverts d’argile ocre ou de carreaux de salle de bain. Elle est aussi interactive, puisque le visiteur est invité à manipuler les portraits sur un panneau coulissant, à s’observer dans une œuvre pourvue d’un miroir ou à marcher sur une sculpture en forme de puits.
Toute cette scénographie soigneusement étudiée est le résultat d’un travail de famille, révèle Rosy Noah, manager à la galerie Cécile Fakhoury. « La scénographie a été pensée en grande partie par sa petite sœur qui est Orlane Lincy Deloumeaux, architecte d’intérieur. Ils ont pensé toute cette scénographie ensemble. Elle est construite en trois étapes, trois espaces. Le premier, c’est un espace intime qui parle un peu de scènes du quotidien. Le deuxième est un espace-tampon pour arriver au dernier espace, qui est un lieu plus spirituel, avec un dôme qui a été pensé par les deux [Lincy Deloumeaux] et qui donne une idée de recueillement. Du coup, il y a un peu cette idée de circularité aussi. On a cassé certains murs de la galerie pour créer des arrondis, pour casser vraiment la rectangularité. On a transformé la galerie. On n'a pas du tout l’habitude de le faire, c’est un gros travail, mais c’est vraiment magnifique. »
Mêler les références culturelles de deux continents
Les matériaux utilisés sont guadeloupéens ou ivoiriens : du bronze, du bois, du rotin, du sable. Pour cette exposition, Elladj Lincy Deloumeaux a effectué une résidence artistique de quatre mois dans la ville côtière de Grand-Bassam. Il mêle les références culturelles des deux territoires à travers les motifs du littoral, de la mer et du jardin. « Le jardin, c’est un espace familier, connu, quelque chose de très intime. J’ai eu l’opportunité de rencontrer pas mal de personnes, d’accéder à leur jardin et de comprendre leur vie quotidienne. Ce sont en fait des personnes qui ont quitté leur pays d’origine, qui ont eu le courage de quitter le territoire connu, leur zone de confort familier, pour se diriger vers l’horizon en prenant la mer, explorer d’autres territoires. Et ce qui m’intéresse, c’est comment, malgré ces changements de territoires, de culture, d’ambiance, comment ils ont pu créer leur propre intimité et y apporter du "chez soi", par rapport à un territoire qu’ils ont quitté. Comment, sur ce nouveau territoire, ils ont pu créer quelque chose de nouveau. »
C’est justement le thème de l’afro-descendance qui a séduit Abishag Voundi, peintre martiniquaise venue découvrir l’exposition. Elle suit le travail de l’artiste depuis ses débuts. « Il travaille la peau noire, il travaille d’une façon qui, moi, me plaît, parce qu'il y a un travail qui est un peu nostalgique. Et je suis très heureuse qu’il arrive ici à Abidjan pour cette exposition. Il crée un vrai ancrage. C’est cet aspect aussi que je trouve important en tant qu’afro-descendant, en tant que jeune artiste, qu’il puisse s’ancrer sur la terre-mère et qu’il soit accueilli de cette façon. »
L’exposition Au-delà du jardin, il y a la mer restera visible à la galerie Cécile Fakhoury jusqu’au 28 décembre.
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