En Côte d'Ivoire, un centre de traitement de la lèpre redonne de l'espoir à ses patients [1/3]
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En Côte d’Ivoire, la lèpre n’est plus considérée comme un problème de santé publique depuis 2001. Pourtant, le pays continue d’enregistrer environ 800 nouveaux cas chaque année depuis une décennie. À Manikro, près de Bouaké, l’Institut Raoul Follereau accueille et soigne des malades qui luttent, non seulement contre la maladie, mais aussi contre la stigmatisation. Dans ce centre, l’espoir renaît, malgré les épreuves.
De notre envoyé spécial de retour de Manikro,
« Quand on copiait les leçons, j’avais des crampes et je ne sentais plus ma main. Je ne pouvais même plus tenir un stylo », confie Hervé Kouassi, qui se souvient encore du début de son calvaire. En 2021, il est en classe de 3ᵉ lorsque les premiers signes de la lèpre apparaissent. Déconcerté et sans réponse, il finit par abandonner l’école. Mais son combat est loin de s’arrêter là. « Je me suis mis au travail de boulanger. Souvent, je me brûlais, mais je ne sentais rien, se rappelle-t-il. Les cicatrices s’infectaient dès que j’arrachais la peau. Mon bras était couvert de plaies et, un jour, un doigt est tombé. »
Depuis septembre dernier, Hervé est soigné au centre de Manikro, près de Bouaké, en Côte d’Ivoire, un lieu qui symbolise pour lui une seconde chance. Il est l’un des treize patients actuellement pris en charge grâce à l’Institut Raoul Follereau, qui offre des soins gratuits. Ici, le Dr Kaba Lanciné, chirurgien résident, joue un rôle essentiel. « Nous faisons de la chirurgie réparatrice : réhabiliter le visage, les mains pour les rendre fonctionnelles, réhabiliter les pieds, détaille-t-il. Et, quand c’est nécessaire, nous procédons à des amputations pour éviter des complications graves, comme le cancer. »
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« Interrompre la circulation du virus »
La chirurgie redonne parfois de l’autonomie aux malades, mais l’enjeu majeur reste le dépistage précoce. En Côte d’Ivoire, un malade sur quatre découvre la maladie trop tard, souvent avec des mutilations irréversibles. Pourtant, les autorités visent un objectif ambitieux : zéro cas de lèpre d’ici à 2030.
« Lorsqu’on dépiste un cas de lèpre, on recherche tous les contacts proches de cette personne et on leur administre un traitement, explique Dr Sylvestre Dizoé, coordonnateur du Programme national d’élimination de la lèpre. Ce traitement est efficace pour empêcher ces sujets de développer la lèpre dans les cinq à dix prochaines années. L’objectif est d’interrompre la circulation du virus. »
Cependant, même guéris, de nombreux malades sont confrontés à la stigmatisation. Incapables de retourner chez eux, certains s’installent dans des villages autour des centres de soins, cherchant une nouvelle communauté où reconstruire leur vie.
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