Reportage culture

Exposition: «Picasso-Rodin», des artistes inventifs et affranchis des conventions

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Les musées Picasso et Rodin à Paris unissent leurs collections principalement pour confronter ces deux géants de l'art dans leurs deux espaces.

Affiche de l'exposition «Picasso-Rodin», jusqu'au 2 janvier 2022 à Paris.
Affiche de l'exposition «Picasso-Rodin», jusqu'au 2 janvier 2022 à Paris. ©  RMN-Grand Palais, Adrien Didierjean, Succession Picasso 2021/Musée Rodin, ph. Hervé Lewandowski
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La porte de l'enfer d'Auguste Rodin d'après Dante fait face au Guernica de Pablo Picasso représenté par une tapisserie. Le Penseur de Rodin et La Baigneuse de Picasso prennent la même pose...  L'exposition rassemble plus de 500 pièces des deux artistes : sculptures, peintures, dessins, photos et tente de montrer les points communs entre les deux génies.

Et pourtant ils ne se seraient pas rencontrés. On sait seulement que Picasso s'est intéressé aux oeuvres de Rodin et notamment à ses sculptures monumentales de Balzac.

Véronique Mattiussi co-commissaire de l'exposition raconte : « Picasso, quand il arrive à Paris, regarde Rodin et notamment nous avons ici un agrandissement d'une photographie de son atelier où Picasso accroche une photographie du Penseur découpée dans un journal espagnol Pèl y Ploma », dit-elle. Puis elle ajoute : « Picasso, c'est ça qui l'intéresse. Ce que Rodin a réussi à faire en s'affranchissant des codes de la reproduction classique, Rodin livre un portrait de Balzac très moderne, inattendu. Ça va vraiment le marquer puisqu'on voit les traces de cette figure de Balzac dans son travail d'illustration du Père Goriot et du Chef-d'œuvre inconnu », explique la co-commissaire de l'exposition.

Le corps humain comme matière d'expérimentation

Ce que l'exposition montre aussi, c'est combien les deux artistes expérimentent sans cesse dans leurs ateliers avec le corps humain comme matière qu'ils déconstruisent à souhait. Ils n'hésitent pas non plus à assembler des objets et matériaux existants. Ils assument ainsi l'un et l'autre la part artisanale dans leur travail artistique telle la sculpture de Polyphène de Rodin émergeant d'une masse brute ou le Pierrot assis de Picasso dont le visage reprend un masque sculpté par l'artiste en tôle.

Ils se démarquent toutefois par un rapport au corps plus jubilatoire chez Rodin comme dans la sculpture du Baiser où l'étreinte est toute en rondeur et harmonie alors que chez Picasso c'est plus torturé. Dans son Baiser le couple semble se livrer à un combat.

« C'est une sculpture d'un côté, une peinture de l'autre. Rodin s'intéresse, à travers sa figure du Baiser, aux personnages dans leur entièreté, en pieds, et de l'autre côté, Picasso se concentre sur les deux visages. Pour autant, la conclusion est tout à fait communes : ce sont deux œuvres d'un équilibre parfait ou on arrive finalement aux lèvres des deux protagonistes qui s'unissent. Et toute l'œuvre finalement n'est qu'un baiser. »

En somme deux artistes inventifs et qui s'affranchissent sans peine des conventions. Picasso-Rodin, une exposition majeure en cette reprise. 

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