La Fondation Dapper s'installe sur l'île de Gorée pour la Biennale d'art contemporain
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À 20 minutes au large de Dakar, l’île de Gorée, lieu de mémoire de la traite négrière, est aussi un des hauts lieux de la Biennale « Off » d’art contemporain. Seize lieux d’exposition sont investis par les artistes cette année, plus que lors des éditions précédentes. La Fondation Dapper, une référence en matière d’art africain, présente les œuvres du plasticien congolais (RDC) Éric Androa Mindre Kolo et du photographe mozambicain Mário Macilau.

C’est l’heure de la messe sur l’île de Gorée et impossible de rater la Fondation Dapper, sur une place entre l’église et la mosquée. Éric Androa Mindre Kolo, artiste, plasticien et performeur de RDC, a monté une installation qui ressemble à une maison ou un temple surmonté de grandes cornes de vaches.
Je me suis inspiré aussi du patrimoine qui vient de mon village dans l'est du Congo, dont les vaches qui servent à verser la dote pour le mariage. Les anciens m'ont dit que les missionnaires ont tout banni, et je me suis dit que c'est là où mon travail va commencer. Je vais aller fouiner tout ce qui est croyances de mes origines pour pouvoir bâtir ces terres.
Lorsque l'on entre, le sol est parsemé de graviers blancs et des tentures faites de wax trouvées à Dakar sont accrochées. Il y a aussi des miroirs, « qui nous permettent de nous regarder actuellement, qui nous sommes et peut-être pour aussi penser à l'avenir, comment nous serons demain », souligne Éric Androa Mindre Kolo.
Dire sans dénoncer
Un jeu de miroirs entre le passé et l’avenir, c’est ce que propose aussi le photographe Mário Macilau. Dans l’objectif de l’artiste mozambicain, des personnages nous regardent, sur un arrière-plan plus flou. La directrice de la fondation Dapper, Christiane Falgayrettes-Leveau, souhaitait exposer Mário Macilau depuis longtemps.
Avec distance et discrétion, il superpose les paysages où on voit les bâtiments anciens en ruine de la colonisation portugaise ou des personnes, des femmes, des enfants, un garçon, traversent le paysage. En fait, ce sont des portraits sans être des portraits et ça représente des classes sociales. Moi, je trouve que ce travail est poignant parce qu'il a envie de dire sans dénoncer en fait. On montre, à vous de regarder, de juger, de faire en sorte d'avancer avec nous aussi. C'est pour l'Occident aussi. Mais il faut aussi dépasser cette question parce que c'est aussi aux Africains de construire leur avenir.
Sur l’île de Gorée, les œuvres d’Éric Androa Mindre Kolo et Mário Macilau, à la fondation Dapper, s’intègrent parfaitement au thème général de la Biennale d’art contemporain de Dakar : « Forger l’avenir ».
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