«Chevalier Noir»: le film qui raconte avec modernité la jeunesse de Téhéran
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Chevalier noir, premier long-métrage du réalisateur Emad Aleebrahim Dehkordi, installé en France depuis plusieurs années, fait le portrait du désœuvrement de la jeunesse. Le film, qui sort en salles en France, alors que les jeunes Iraniens se révoltent contre le régime, a été récompensé du Grand Prix au festival Premiers Plans d’Angers et de L’Étoile d’or au Festival du Film International de Marrakech.

Iman est un jeune Iranien désœuvré, vivant à Shemroon, un quartier surplombant Téhéran. Bagarreur, animé d'une urgence de vivre et de sortir de la précarité, il sillonne la ville sur sa moto puissante. Le film est très actuel, contrairement à ce que le titre, Chevalier noir, pourrait laisser penser. Le réalisateur Emad Aleebrahim Dehkordi voulait donner une dimension symbolique au personnage principal du film. « Dans l'histoire que je racontais, il y avait un potentiel mythologique. Les deux frères, qui habitent dans le nord de Téhéran, ça ressemblait à un château. Je voulais faire un film contemporain, mais avec les codes de films médiéval », explique-t-il.
Montrer la société iranienne
Ténébreux chevalier moderne, Iman profite de ses contacts avec la jeunesse dorée iranienne pour se faire de l'argent facile. De fil en aiguille, il va dealer de la cocaïne, flirtant avec le danger et la délinquance. Le réalisateur se sert de cet univers pour faire coexister les différentes classes sociales iraniennes. « C'est assez cher en fait, donc du coup, ça n'est pas accessible pour les classes moyennes ou pauvres. C'est une réalité qui existe. Moi, je l'utilisais ça pour justement naviguer à la frontière de classes moyennes ou anciennes bourgeoisies qui étaient en train de disparaître. »
Emad Aleebrahim Dehkordi a quitté l'Iran il y a vingt ans. Mais il capte bien l'atmosphère de Téhéran. Le souci, par exemple, d'une mère qui s'inquiète de voir sa fille, revenue quelques jours de l'étranger, sortir dans une tenue qui pourrait lui valoir des ennuis. Une séquence prémonitoire, tournée plusieurs mois avant le mouvement « Femme, Vie, Liberté. » « Mais ça ne veut pas dire qu'on voyait les choses en avance, précise le cinéaste. Ça, c'est le quotidien de toutes les femmes en Iran. Enfin, ça a été, ça faisait longtemps que c'était comme ça. »
Plusieurs jeunesses qui cohabitent
Autant de détails, de représentations de la jeunesse, que l'on a peu l'habitude de voir dans le cinéma iranien. « Je voulais faire un film que je voulais voir, justifie Emad Aleebrahm Dehkordi. Je me souviens toujours quand j'avais 20 ans, 21 ans en Iran, j'étais fan de Kiarostami et plus tard Panahi, Rasoulof... Mais à chaque fois, je me disais : mais parfois aussi, j'ai envie de voir un film dont les personnages ont le même âge que moi. »
Alors que les jeunes se révoltent contre le régime et que la répression se durcit en Iran, Chevalier noir montre plusieurs jeunesses qui cohabitent : que l'on soit puissant ou misérable, déclassé à Téhéran ou en exil à l'étranger, les perspectives d'avenir ne sont évidemment pas les mêmes.
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