Reportage culture

16e saison d'art à Chaumont-sur-Loire: une exposition itinérante pour une nature transcendée

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C'est un dialogue entre art et nature qui se déroule au Domaine de Chaumont-sur-Loire, à quelque 200 kilomètres au sud de Paris. Une quinzaine d'artistes français et internationaux s'emparent du château et de ses parcs, des granges et des écuries. Ils transforment ce site classé au patrimoine mondial de l'Unesco en vaste laboratoire artistique. 

"Le chien roi" 1983, Pierre Alechinsky.
"Le chien roi" 1983, Pierre Alechinsky. © Pierre Alechinsky
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Il y a mille et une façons de rendre hommage à la nature. La doreuse française Sophie Blanc la sublime par l'or, comme des herbes et brindilles transformées en bijoux délicats et précieux : « J’ai essayé de représenter chaque mémoire par un végétal qui est comme un trésor, donc le végétal est doré à la feuille d’or. Je le ramasse quand il a grainé. Je n’interviens pas sur son cycle de reproduction et je le sors de son contexte avant sa dégradation. »

Pour dénoncer la surconsommation, du plastique scintillant comme des diamants 

Car au Domaine de Chaumont-sur-Loire, nature va de pair avec respect pour le vivant. « Je tiens à préciser que les animaux ne sont pas tués », prévient d'abord la plasticienne britannique Claire Morgan, dont l'installation dans la grange aux abeilles montre une oie du Canada qui se vide, non de sang, mais de plastique scintillant comme des diamants. L'artiste explique son œuvre en ces termes : « Les morceaux sont des déchets de plastique usagé suspendus sur des fils de nylon, donc c'est les traces de notre consommation. Malgré les matériaux pauvres, l'œuvre semble briller, comme si le temps s’était arrêté au milieu d’une explosion. »

Autre moment suspendu dans le temps : un fil au-dessus d'un miroir imaginé par le Sud-Coréen Lee Ufan dans les profondeurs de la Tour du roi. « Ici, on sent le poids de l'histoire. Le fil dans la tradition asiatique peut représenter un lien avec le paradis, avec le ciel. Le fait qu'il se reflète dans le miroir comme s'il le traversait pour rejoindre le monde souterrain, c’est une façon d’exprimer l’éternité, l’infini. Nous vivons dans un monde qui est dominé par l’information, l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle où le présent immédiat joue un rôle très important. Ce que j’ai tenté exprimer par cette œuvre, c’est un monde différent, au-delà du présent. »

Une exposition engagée et itinérante

De là, il n'y a qu'un pas pour rejoindre une autre œuvre souterraine : les fresques monumentales du Français Fabrice Hyber grouillent d'objets fantasques, qu'il perçoit comme « des cellules, qui sont comme des yeux de bande dessinée, des tremblements de terre qui sont orange, violets pour tout ce qui est l’intervention humaine qui crée des troubles dans la terre avec ces agricultures intensives, ces constructions qui démolissent la terre. Mais de toute façon, la vie reprend ses droits et nos poils seraient transformés en racines pour pouvoir plonger dans l’eau sur Mars. Vous voyez, j’imagine l’avenir pour tous ! », s'amuse le plasticien. 

De l'art ludique, profond et engagé pour faire réfléchir et rêver. C'est tout ce que défend Chantal Colleu-Dumond, directrice du domaine de Chaumont-sur-Loire et commissaire de l'exposition : « Je crois beaucoup à la force de l’art et je pense que c’est une des réponses à tous les maux que nous traversons aujourd’hui. »

Jusqu'au 29 octobre 2023, plus d'information sur le site : cliquez ici.

 

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