Le Festival d'Automne à Paris met Trajal Harrell en lumière
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Trajal Harrell, le chorégraphe noir américain, est à l'honneur à Paris en cette saison. Le Festival d'Automne lui rend hommage en y présentant tout son parcours. Neuf pièces programmées où on peut voir l'évolution de l'artiste, inspiré autant par le voguing, cette danse née dans les bars gays afro-américains de New-York, qui parodie les défilés de mode avec force gestes, et le butō, la danse japonaise créée suite à la Seconde Guerre mondiale et l'attaque nucléaire à Hiroshima.

Pour Trajal Harrell la danse est un rituel dans lequel il inclut le public. Dans « Maggie the Cat », inspiré du personnage principal de la pièce « La chatte sur un toit brûlant » de Tennessee Williams, il nous propose une parade déjantée de personnages insolents aux vêtements bariolés dans une danse follement libératrice qui n'aurait pas déplu au grand dramaturge américain Tennessee Williams dont l'œuvre ancrée dans le sud des États-Unis dénonce le conformisme et le racisme. « J'ai vu la pièce plusieurs fois à Broadway et à Londres, mais surtout, j'adore le film avec Elisabeth Taylor en Maggie et j'ai toujours voulu l'adapter. Je suis par ailleurs du sud des États-Unis. Donc, je me sens concerné », raconte Trajal Harrell.
Et sur scène, la danse se nourrit d'inspirations diverses comme le voguing né dans les bars gays afro-américains de New-York qui parodie les défilés de mode avec force gestes et le butō, danse japonaise créée suite à l'attaque nucléaire à Hiroshima. « Mes dix premières années dans la danse étaient très liées à la "modern dance" et au "voguing"... Et parce que tout ça est associé à la beauté ou la façon traditionnelle de voir la beauté, une façon glamour, je cherchais donc quelque chose pour contrer cela, une tension. Le butō est associé à la mort, j'ai pensé que ces deux esthétiques pouvaient être intéressantes ensemble » explique-t-il.
Et pour clore cet hommage du Festival d'Automne, Trajal Harrell s'empare de la pièce mythique de Keith Jarrett au piano : The Koln Concert, une improvisation performance d'une heure du musicien. Le chorégraphe se souvient de la première fois qu'il l'a entendu. « Ça m'a fait pleurer parce que je ne pensais que quelqu'un pouvait composer une telle musique. Je ne savais pas comment la décrire : jazz, classique, gospel. Je ne savais pas ce que c'était, mais ça me touchait tellement profondément. Je l'ai écouté encore et encore et encore. Bien sûr, j'étais un jeune chorégraphe et je ne pensais pas que j'étais prêt à créer une danse sur la musique du "Koln Concert" et pendant 20 ans, ça a été un rêve, oui... », dit-il.
Rêve qu'il réalise aujourd'hui dans une pièce de la maturité où la danse est une symbiose de toutes ses influences : voguing, butō, danse contemporaine.
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