Reportage culture

«Showgirl», la pièce féministe qui rend hommage aux icônes broyées par le cinéma

Publié le :

Au départ, c'est un film culte : Showgirls, de Paul Verhoeven, qui raconte l'histoire d'une stripteaseuse, sorti en 1996. Marlène Saldana s'en empare sur la scène du théâtre de la Bastille dans une pièce du même nom. Avec son complice Jonathan Drillet, elle incarne par la danse, le chant et la performance le personnage du film et nous raconte l'histoire de l'actrice Elisabeth Berkley, qui se jette à corps perdu dans la danse à Las Vegas, ce qui la perdra.

«Showgirl», c'est aussi l'histoire d'autres actrices broyées par l'industrie du cinéma dominée par les hommes. Une pièce puissante à l'heure où les scandales sexistes bouleversent le milieu du 7ᵉ art.
«Showgirl», c'est aussi l'histoire d'autres actrices broyées par l'industrie du cinéma dominée par les hommes. Une pièce puissante à l'heure où les scandales sexistes bouleversent le milieu du 7ᵉ art. © Narcisse Agency
Publicité

D'emblée, Marlène Saldana nous emporte dans l'univers des cabarets. Elle est la danseuse de pole dance jaugée à la grosseur de ses seins et au galbe de ses hanches. Une marchandise : « C'est vraiment un personnage, à la fois très banal des films de danse, ou des femmes qui sortent de la rue et qui, à la force de leur corps, arrivent à s'élever dans la société... puis retombent irrémédiablement. Le film de Paul Verhoeven est un film sur l'ambition, sur les États-Unis, sur un monde où il n'y a personne à sauver... C'est-à-dire que tout le monde est pourri. » 

Et pour évoquer ce monde, le texte des chansons et des dialogues est une série d'obscénités jusqu'à la saturation d'où émerge en filigrane la médiocrité des hommes de ce milieu : « La vulgarité est absolument présente dans le film. On ne pouvait pas parler de ce film ni de ces sujets-là sans employer ces mots-là », poursuit Marlène Saldana.

Représenter les victimes collatérales du cinéma 

En tout cas, sur scène trône un volcan, sexe féminin ou montagne à escalader. Autour gravite un lustre en forme de phallus, espèce de ballon de baudruche énorme et cocasse. Marlène Saldana - performeuse de premier plan - danse, tombe sa robe longue, apparaît en corset et jupe à franges franchement ouverte... Jusqu'à la nudité totale, assumant son corps bien rond tout en faisant revivre l'histoire d'Elisabeth Berkley dans le film de Verhoeven : « On voulait vraiment parler d'Elisabeth Berkley, qui est une actrice merveilleuse et qui a été complètement arrêtée dans sa carrière à 22 ans - ce qui est très jeune - parce qu'une actrice ne peut pas jouer comme ça, être ‘à poil’. Personne ne lui a jamais pardonné... Enfin si, le monde de la nuit. Donc c'était, à travers elle, parler de tout ça. » 

« Tout ça », ce sont ces actrices écrasées par l'industrie du cinéma dominée par les hommes, à l'instar de Maria Schneider, évoquée dans la pièce, qui n'est pas sortie indemne du duo Bertolucci-Marlon Brando après le film Un dernier Tango à Paris, ou encore Marilyn Monroe, dont le sort n'est pas plus enviable.  

Enfin, Marlène Saldana nue se lance dans une chanson et une danse revendiquant son corps d'actrice, de femme, de toutes les femmes, au-delà des représentations et assignations. Une pièce sans revendication, juste une affirmation de soi. C'est fort et jouissif. 

Showgirl, avec Jonathan Drillet et Marlène Saldana, plus d'informations ici

À lire aussiCannes 2023: la révélation de femmes sombres, dangereuses et violentes

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes