Avec les restrictions bancaires, les étudiants libanais à l'étranger en difficulté
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L’association des banques du Liban a indiqué la semaine dernière que 240 millions de dollars ont été transférés au cours de la période 2019-2021 en faveur de 30 000 étudiants libanais basés à l’étranger. Mais dans les faits, nombreux sont ceux à avoir du mal à s’en sortir.

Cité universitaire internationale. Dans sa petite chambre à la Maison du Liban, Charbel Hakim a tout ce qu’il faut. Mais pour cet étudiant venu faire sa thèse en France, la situation s’est dégradée ces derniers mois : « Le dollar était normalement à 1 500 livres libanaises. Maintenant, le dollar, si je ne me trompe pas parce que tous les jours cela évolue, vaut dans les 13 000 à 15 000 livres libanaises », explique-t-il.
Avec les restrictions bancaires, Charbel ne reçoit plus d’argent de ses parents. Son père, pourtant ancien banquier, n’arrive pas à débloquer la situation. « Ils disent qu’il faut avoir le certificat de scolarité, tous les papiers. J’ai bien tous les papiers, je les donne à mon père. Il va à la banque et on lui dit “on va voir, on va faire un virement”. Il se passe 3 mois, 4 mois, 5 mois, il n’y a pas de virement... », déplore l’étudiant.
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« Je me suis obligé à travailler 5 jours parfois 6 jours par semaine »
Si Charbel peut compter sur ses économies, ce n’est pas le cas de Samir Torbay, 25 ans. Il vient de finir son Master 2 à l’école des métiers de la culture. Il alterne entre son stage à distance, et un emploi d’électricien à temps partiel : « Je n’ai aucune expérience dans ce métier avant. C’est pour gagner un peu plus d’argent, car du coup, j’ai beaucoup de dépenses », raconte Samir
Parmi elles, son école, à qui il doit 5 000 euros. Alors Samir travaille, quitte à dépasser le minimum légal pour un emploi étudiant. « Je me suis obligé à travailler 5 jours, parfois 6 jours par semaine. À côté de ça, j’ai mon stage. Mon temps est toujours plein. Je n’ai pas le temps pour m’amuser, penser à d’autres choses », dit Samir.
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Une loi votée, mais non appliquée
En octobre 2020, le gouvernement libanais votait une loi censée garantir les transferts d’argent pour les étudiants à l’étranger. Dans les faits, elle n’est pas appliquée. Et elle ne concerne pas ceux qui ont fait le choix de partir récemment. Comme Sara Alachram, arrivée il y a 7 mois en France.
« Ils n’ont pas inclus les gens qui sont venus récemment, car dans leur logique, ils ont dit que “vous connaissez la situation économique, vous n’avez pas à faire ce choix-là, même si c’est votre argent” », raconte Sara. Pendant des années, ses parents mettent de côté pour lui permettre de partir. Aujourd’hui, 50 000 dollars sont à la banque, sans pouvoir être touchés. « Si on veut le prendre, on doit le convertir. Mais on perd beaucoup d’argent à la conversion », regrette-t-elle.
« C’est tellement difficile »
Alors l’étudiante enchaîne les petits boulots, du baby-sitting par-ci par-là. Pas suffisant pour subvenir à ses besoins. Les larmes aux yeux, elle craque. « Tu ne peux même pas demander à tes parents de t’aider. Ils ne peuvent pas tellement c’est difficile. Il y a des fois où je ne dors pas pour travailler ou étudier. »
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Face à cette situation, ces trois jeunes libanais partagent le même avis : il vaut mieux rester en France, car il n’y a pas d’avenir au Liban.
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