Covid-19: de la rééducation pour les malades qui ont perdu l'odorat
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Si dans la majeure partie des cas, les malades du Covid-19 ayant perdu l’odorat retrouvent l’intégralité de leur sens au bout de quelques semaines, pour d’autres en revanche ça peut parfois être plus compliqué. Consultation et rééducation deviennent alors indispensables.

Amélie a 40 ans. Grande, la silhouette élancée et sportive, elle a contracté le virus du Covid-19 en même temps que son compagnon il y a 8 mois. Depuis, elle n’a retrouvé ni l’odorat ni le goût. C’est sa première consultation avec un oto-rhino-laryngologiste (ORL).
« Je m’en suis rendue compte en enlevant la caisse du chat où il n’y avait pas d’odeur. Je me suis dit “c’est super !”, mais en fait non. Je sentais encore les huiles essentielles, or aujourd’hui je ne les sens plus », décrit Amélie au médecin.
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Deux hypothèses avancées pour la perte de l’odorat
La perte de l’odorat totale ou partielle touche plus d’un malade du Covid-19 sur deux. À l’origine de ce symptôme deux hypothèses. « C’est soit un œdème des fentes olfactives, ces deux gouttières qui se situent dans le nez à travers lequel passent des petits nerfs qui partent du nez et vont jusqu’au cerveau et véhiculent les molécules de l’odorat », explique le docteur Wissame El Bakkouri, ORL. « À ce moment-là, il s’agit d’une réaction inflammatoire liée au virus et ça récupère, en général on récupère en 15 jours, 3 semaines. »
Puis, la médecin spécialiste poursuit : « Soit, la deuxième hypothèse, c’est une invasion virale des neurones. Les neurones olfactifs sont situés dans les fentes olfactives sont agressées physiquement par le virus et même jusque dans les bulbes olfactifs dans le cerveau. Donc, on peut imaginer que l’anosmie, la perte de l’odorat, va durer plus longtemps. »
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« Au-delà d’un an, les chances de récupération sont extrêmement faibles, voire nulles »
Après la fibroscopie pour évaluer l’état des fosses nasales, le médecin propose à Amélie de faire un test olfactif. Rose, abricot, caramel, mais aussi fromage de chèvre ou purin, cinq odeurs différentes sont reparties de manière aléatoire dans 48 fioles en verre qui sont soumises une à une au patient qui doit les identifier.
Un exercice pas toujours évident. Amélie respire l’odeur proposée qui lui rappelle « un vague truc. Abricot peut-être ? ». Un exercice auquel Amélie va désormais devoir se soumettre deux fois par jour selon un protocole très strict. L’idée est de rééduquer son cerveau qui a en quelque sorte oublié les odeurs et tenter de recréer des connexions. Une méthode qui si elle est prise à temps augmente les chances de récupération.
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Pour autant tous ne retrouveront pas l’odorat. « On aimerait bien dire à tous les patients qu’il y a de l’espoir. Mais si vous voulez, la vérité, c’est que malheureusement, au-delà d’un an, les chances de récupération sont extrêmement faibles, voire nulles », prévient le docteur El Bakkouri. Un aveu d’autant plus glaçant que la rééducation olfactive est aujourd’hui le seul recours pour les personnes qui souffrent d’anosmie et qui souhaitent retrouver l’odorat. Mais Amélie elle est d’un naturel optimiste et promet de suivre le protocole à la lettre.
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