Reportage France

Les frontaliers de Moselle face aux mesures anti-Covid allemandes

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L’Allemagne change le classement du département de la Moselle dans le Grand Est. De « Département à circulation de variant », la Moselle est, depuis lundi 3 mai, considérée comme « Département à circulation élevée » comme le reste de la France. Les taux d’incidence sont fortement en baisse en Moselle et l'Allemagne va sans doute vers un assouplissement des mesures prises envers son voisin dans un délai de 10 jours. Ce classement ne change rien pour les travailleurs frontaliers qui doivent toujours faire un test PCR toutes les 48h pour aller travailler en Allemagne.

Vérifications des documents à la frontière franco-allemande près de Sarrebruck, le mardi 2 mars 2021. (Photo d'illustration)
Vérifications des documents à la frontière franco-allemande près de Sarrebruck, le mardi 2 mars 2021. (Photo d'illustration) AP - Jean-Francois Badias
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16 000 travailleurs et 2 000 écoliers de Moselle passent chaque jour la frontière allemande. Et depuis le 2 mars, ils doivent présenter un test négatif de moins de 48h pour passer cette frontière. Ali Ilisoy travaille à Pirmasens, dans une usine de cartonnage. Il vient trois fois par semaine dans ce centre de dépistage du village mosellan de Grosbliederstroff. Depuis trois semaines, les tests PCR salivaires sont acceptés. « Je l'ai fait pendant deux mois par le nez. C'était devenu insupportable avec des douleurs au cerveau. Il faudrait arrêter », soupire Ali Ilisoy.

Dès le 2 mars, six centres de dépistage ont ouvert à la frontière. Les grandes entreprises allemandes ont aussi proposé de tester leurs employés dans leur enceinte. Il n’empêche que le ras-le-bol se fait entendre cette institutrice française qui travaille près de Saarbrücken. « J'ai l'impression d'être dans un bateau qui ne sait pas où il va, de part et d'autre de la frontière. Plus d'une fois je me suis dit qu'il fallait que je retourne travailler en France parce que c'est devenu trop compliqué », raconte Myriam Brandt, l'institutrice.

Le comité de défense des frontaliers assure que sur 70 000 tests réalisés en deux mois, 0,2% seulement ont été positifs. Pour eux, l’obligation des tests est vexatoire et inutile. Le taux d’incidence pour 100 000 habitants est tombé en dessous des 200 en Moselle contre plus de 400 au début du mois de mars. Mais la nouvelle loi allemande, dites de freinage de l’épidémie, ne prévoit une levée des restrictions qu’à partir d’un taux d'incidence à 100.

Christophe Arend, le député LREM de Forbach, regrette ces mesures allemandes qui égratignent le vivre ensemble européen. Il faudrait une stratégie commune mais la France et l’Allemagne ne dépistent pas de la même façon et n’ont toujours pas les mêmes seuils d’alerte. « Il est important d'avoir une stratégie commune parce que la propagation du virus se fait au niveau du bassin de vie. La Moselle et la Sarre sont un seul bassin de vie. L'ensemble des zones frontières européennes concentre 140 millions d'européens. Comment leur vendre l'idée de l'Europe si la proximité d'un pays ami est vécue comme un obstacle ? », s'interroge le député.

Christophe Arend espère que la règle des 24h sera bientôt rétablie. Une personne qui reste moins de 24h sur le sol allemand n’a pas besoin de se faire tester.

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