Reportage France

Crack à Paris: un enfer pour les usagers, une inquiétude pour les riverains

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Au nord de Paris, la place Stalingrad, ancien lieu de consommation de crack, est gardée par les forces de l'ordre et les usagers ont été déplacés dans une partie des jardins d’Éole. Mais le problème reste entier et le résultat n’est pas satisfaisant.

Un consommateur de crack, dans les jardins d'Éole, à Paris.
Un consommateur de crack, dans les jardins d'Éole, à Paris. © AFP/Geoffroy Van der Hasselt
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Pour Rosa Lopez, l’habitude est prise, elle descend de son immeuble et distribue des prospectus devant l’entrée du parc pour dire non à la présence des usagers de cracks dans les jardins d’Éole.

« Nos enfants, la jeunesse, est quand même en insécurité. Les enfants, le matin, qui partent à l’école, à cause de la présence de toxicomanes sur le travers du trottoir, sont obligés de descendre sur la route, donc il y a des risques d’accident. Nous, les riverains, on n’en peut plus... » dit Rosa, exaspérée. 

Il est assis sur un muret, Majid a un regard précis qui ne dérive jamais, père de famille et consommateur de crack, il comprend l’exaspération des riverains. « Sincèrement, je les plains, mais ce n’est pas de notre faute : on va là où il y a le produit », affirme-t-il. Là où se trouve le caillou de crack se trouvent les dealers et c’est un cercle vicieux.

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« C'est un grave enfer... »

La galette de crack, un dérivé fumable de la cocaïne extrêmement addictif, est vendue 10 euros. Kelly, qui porte un manteau malgré la forte chaleur, ses jambes sont squelettiques, est usagère. « C’est un grave enfer. Tu ne vis plus en paix, tu ne dors plus en paix, tu ne manges plus en paix. Quand tu as de l’argent, tu n’as plus la paix », lâche-t-elle. 

Si Majid dit maîtriser sa consommation, certains toxicomanes dans l’extrême précarité sont prêts à tout pour se procurer le caillou, les femmes se prostituent. « Ce n’est pas de la prostitution, elles sont carrément violées. Elles savent ce qui va se passer quand elles partent avec deux, trois... Mais c’est plus fort qu’elles : le crack, le crack... », martèle-t-il.

Le chant des oiseaux qui égaie les arbres du jardin contraste avec les corps assommés des crackers qui mélangent toutes les drogues. « Il faut bien qu’ils fassent abstraction de dormir à côté des rats. Sérieusement, il y a des personnes qui dorment à côté des rats », s’exclame Majid.

Ne pas enfermer les consommateurs dans leur addiction

La camionnette blanche de l’association Gaïa vient se garer sur le parvis du jardin d’Éole, la petite équipe distribue des pipes stériles, des lingettes et des préservatifs... José Matos est chef de service, selon lui déplacer inlassablement les usagers de crack d’un endroit à un autre pour les parquer dans un jardin revient à les enfermer dans leur addiction.

« Nous ce qu’on propose, c’est qu’il y ait des salles de consommation et des espaces de repos. Bien souvent, ces personnes consomment toute la nuit et la journée il n’y a pas de centres d’hébergement d’urgence ouverts », dit-il, avant de poursuivre : « Ce qu’on propose, c’est qu’il y ait six espaces de repos dans le nord-est parisien, qu’elles puissent consommer dans ses espaces qui sortiraient une grande partie de la consommation de la rue et créer encore plus de lien et accompagner ces personnes. »

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La Mairie de Paris promet de rendre le jardin fin juin aux riverains. Elle est favorable aux salles de consommation, ce qui va dans le sens de l’association et des usagers eux-mêmes.

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