Odorat et Covid-19: une étude des hôpitaux de Strasbourg apporte de l'espoir aux malades

Les hôpitaux de Strasbourg viennent de publier dans la revue médicale le JAMA une étude sur la récupération de l’odorat chez les patients atteints du Covid-19. Deux médecins ont suivi pendant 12 mois une centaine de malades. L’étude strasbourgeoise confirme les études précédentes qui portaient sur des durées plus courtes et elle souligne l’importance des exercices de récupération.

La perte d'odorat chez les patients atteints du Covid-19 disparait dans les 12 mois. 96% des patients atteints d’anosmie récupèrent leur sens. (Image d'illustration) © Getty Images/George Pachantouris

Comme observé dans d’autres études (à consulter ici, en anglais), la perte de l’odorat est plutôt lié à une forme légère du Covid-19 et touche plutôt des sujets entre 30 et 40 ans. Les malades se voient conseiller des exercices pour stimuler leur sens.

Caroline Eli, infirmière aux hôpitaux de Strasbourg, attrape le Covid-19 en mars dernier. Elle a été évidemment intégrée à l’étude. « J'ai remarqué pendant que je mangeais que mon plat n'avait plus de goût, et l'après-midi j'ai remarqué que je ne sentais plus rien : ni mon parfum ni le déodorant. Plus rien du tout, instantanément. C'est revenu progressivement avec la rééducation. On peut prendre à la maison du parfum, des herbes de Provence qu'on a sous la main et on sent régulièrement plusieurs fois par jour. On se rééduque comme ça. Je suis quasiment guérie ; je sens, mais pas comme avant. Je vais sentir quelques secondes puis plus rien. J'ai du mal avec certaines odeurs. »

À la question de savoir quelle est l'odeur qui lui a le plus manqué, elle répond sans hésiter et dans un éclat de rire : « C'est l'odeur de mes enfants qui m'a manqué le plus, les petits cheveux... C'est vrai ! » 

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« Ce qui gène le plus les patients, c'est qu'ils n'arrivent pas à percevoir la flaveur »

Les patients sont reçus régulièrement pour des entretiens. Ils doivent associer une odeur sur une languette en papier à une image. On teste aussi les seuils de perception. Conclusion, l’odorat revient, mais parfois en déformant la réalité, parfois sans retrouver les intensités. « On avait quand même pas mal de patients qui perdaient le goût initialement. Mais le goût revient quand même assez rapidement : la perception du sucré, salé, amer, acide est finalement heureusement récupérée rapidement », explique Marion Renaud, une des auteurs de l'étude.

« Mais ce qui gène le plus les patients, c'est qu'ils n'arrivent pas à percevoir la flaveur, c’est-à-dire la perception des saveurs complexes. Ils ne sont pas capables, sans l'odorat, de savoir si c'est du citron, une orange, du pamplemousse... Ils vont savoir que c'est une chose acide qu'ils sont en train de goûter, mais ils ne pourront pas faire la différence parce que l'odorat n'est pas là », poursuit-elle.

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96 % des patients ont récupéré leur odorat en un an

Les auteurs de l’étude insistent sur un point ; leur étude permet de rassurer les malades. 84% des patients récupèrent en 4 mois leur odorat, 96% dans un délai d’un an. « Bien sûr, on a des patients qui n'ont pas complètement récupéré à un an, mais on a aucun patient qui n'a plus d'odorat du tout. On sait que l'odorat va récupérer pendant un à deux ans après. Ce qu'il faut savoir c'est que si a un an, vous avez récupéré 20 %, on ne va pas vous promettre 100 % au bout de 3 ans », souligne Marion Renaud.

Autre point positif : les exercices accélèrent la récupération. Mais seuls 50% des patients suivis ont réalisé les exercices régulièrement.