Reportage France

À Strasbourg, la salle de shoot s'agrandit avec des hébergements

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Strasbourg agrandit sa salle de shoot en y incluant des hébergements. C’est une première en France. Dix lits sont déjà occupés, dix autres seront disponibles à la fin de l'année. La ville pilote le projet, et contrairement à Paris, l’expérience est plutôt bien acceptée par la population.

L'ouverture d'une salle de shoot était réclamée depuis des années par les associations d’aide aux toxicomanes les plus précaires.
L'ouverture d'une salle de shoot était réclamée depuis des années par les associations d’aide aux toxicomanes les plus précaires. Getty Images / Christian Mart?nez Kempin
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Nichée dans un ancien bâtiment de l’hôpital civil, la salle de shoot est à l’abri des regards derrière un long mur d’enceinte. Elle existe depuis cinq ans et aujourd’hui, le deuxième étage est en pleins travaux pour préparer dix nouvelles chambres.

Gauthier Waeckerlé, le directeur de l’association Ithaque, assure la visite. « Ça, c’est une petite kitchenette. On a trouvé un système de repas surgelés, ce qui permet aux personnes de manger à tout moment, mais elles peuvent aussi faire elles-mêmes leur cuisine. L’idée, c’est vraiment d’avoir une ambiance chaleureuse, qui ne fasse pas hôpital ou centre d’hébergement d’urgence. Donc c’est aussi pour ça qu’on met des couleurs chaudes, du coup les personnes ont envie de rester. »

L’hébergement est proposé pour deux mois. Les personnes à la rue ou ayant besoin de soins médicaux sont prioritaires. Gauthier Waeckerlé rappelle que 50% des usagers de la salle de consommation à moindre risque vivent à la rue ou dans des habitats précaires. « Les quinze premiers jours, souvent, ils ne font que dormir. Ils se posent, ils soufflent, et après il y a effectivement des choses qui se font. On est assez étonnés sur les questions de soins notamment des personnes qu’on connaissait de par la salle, mais avec qui on n’arrivait jamais à commencer quelque chose, alors que là, une fois posé, on peut commencer des choses. Et sur les dix personnes qu’on a, je dirais qu’il y en a six ou sept qui ont entrepris des soins qu'elles n’arrivaient pas à entreprendre avant. »

La réduction des risques est le maître-mot dans cette stratégie de santé publique. La salle met à disposition des seringues propres et un local propre, un encadrement social et médical. Au mois de mai dernier, le rapport de l’institut national de la santé et de la recherche médicale sur les salles de shoot de Paris et Strasbourg était clair : la santé de ceux qui utilisent ces salles s’améliore.

Alexandre Feltz, adjoint de la maire de Strasbourg et chargé de la santé publique, déplore que le sujet fasse pourtant toujours débat en France. « Les résultats qu’on avait en Allemagne depuis plus de 20 ans, en Suisse depuis plus de 30 ans, naturellement sont aussi validés en France : moins de maladie, moins d’hépatite, moins de VIH, un accès aux soins, aux dépistages, à des hospitalisations, à des traitements de substitution, et on montre aussi une réduction des coûts parce qu’ils vont moins à l’hôpital, donc c’est quelque chose de très important. »

Olivier Véran, le ministre de la Santé, devait visiter la salle de Strasbourg en septembre. La visite a été annulée. Il y aurait des divergences au sein du gouvernement. Le ministre de l’Intérieur a ainsi vertement critiqué la décision de Lille d’ouvrir une salle de shoot le premier octobre.

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