Reportage France

Johanne Sutton, 20 ans après: se souvenir d'une amie, d'une collègue, d'une professionnelle

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Le 11 novembre 2001, notre collègue Johanne Sutton était tuée en Afghanistan. 20 ans après RFI n'oublie pas, Johanne était une personnalité aussi forte qu'attachante et une excellente professionnelle. Portrait de Johanne Sutton par Arthur Fradin de l'École supérieure de journaliste de Lille.

Johanne Sutton.
Johanne Sutton. © B.Leveillé/RFI
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L’histoire de Johanne Sutton commence à Casablanca, où elle naît en 1966. La suite se joue en banlieue parisienne, dans les Yvelines, entre Le Vésinet et Marly-le-Roi, où elle est allée au collège. C’est là qu’elle rencontre l’acteur Guillaume de Tonquédec, son grand ami. Il raconte leur passion commune pour le théâtre.

On a eu un moment assez important pour moi, en tout cas pour moi parce que c’est devenu mon métier, on a fait du théâtre. Et Johanne était très très douée, elle jouait très bien, on avait fait une pièce de Georges Feydeau qui s’appelle “Mais ne te promène donc pas toute nue”, elle me disait : “Je peux pas jouer un truc aussi débile, c’est quand même stupide, cette femme idiote, un personnage, une espèce de bourgeoise un peu perdue comme ça”. Et elle était exceptionnelle, elle a même été distinguée par le jury, parce qu’on avait fait un concours inter scolaire au théâtre Montensier à Versailles, elle avait été distinguée par le jury.

Une référence dans sa promo

Malgré son talent et cette distinction, ce n’est pas une carrière théâtrale que Johanne Sutton se choisit. Ce sera le journalisme. Elle intègre la 64e promotion de l’ESJ Lille en 1988, aux côtés de Vincent Pellegrini. Grande voix du sport sur France Info, il se souvient qu’elle était une référence dans sa promo. « Johanne était quelqu’un de très apprécié, parce qu’elle s’intéressait beaucoup aux autres, elle était une fille très brillante, très cultivée, qui avait toujours le sourire. Et, c’était quelqu’un qui, assez vite à l’école, voulait faire de la radio. D’abord, elle avait une très très, belle voix, très belle écriture radio, et elle a été assez vite conquise par ce média. Du coup, ça a été quelqu’un de moteur aussi pour la spécialisation radio qu’on a faite ensemble. »

En 1989, au moment de la chute du mur de Berlin, Johanne Sutton, encore étudiante, pose sa voix devant le micro. « Jeudi 9 novembre, le journal de la télévision est-allemande, annonce la décision historique... ». Sur place, les étudiants avaient réalisé une série de reportages. « Une chance exceptionnelle », rappelle Vincent Pellegrini.

« Elle ne voulait pas de traitement privilégié »

À la sortie de l’école, Johanne Sutton effectue un stage au service reportage de Radio France Internationale. Elle y fera toute sa carrière. Albéric de Gouville a été son collègue pendant plusieurs années. « Johanne était cheffe du service reportage, et puis elle en a eu marre, elle a voulu aller sur le terrain. Donc, elle n'a pas démissionné avec pertes et fracas, mais elle a fait savoir qu’elle voulait changer. »

Demande acceptée. Johanne Sutton revient à ses premières amours, retrouve le terrain et sillonne les territoires pour RFI. « Quand elle est redevenue reporter de base, elle ne voulait pas de traitement privilégié. Elle voulait juste faire son métier de reporter », poursuit-il.

Un métier exercé jusqu’au bout avec passion, sur ce terrain qu’elle aimait tant. Elle y a perdu la vie à  Taloqan, le 11 novembre 2001, âgée seulement de 34 ans.

 

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