La précarité énergétique touche de plus en plus de Français

Avec la flambée, notamment, des prix de l’énergie, de plus en plus de Français se retrouvent en situation de précarité énergétique. L’augmentation des loyers, la paupérisation de certaines catégories sociales et la dégradation de certains logements contribuent aussi à cette fragilité. On considère que 5,6 millions de foyers (soit environ 12 millions de personnes) souffrent du froid en hiver et ont les plus grandes difficultés à payer leurs factures d’énergie.

Sous les toits parisiens, des anciennes chambres de bonnes, devenus de petits studios, rarement rénovés. © Getty Images/Eric Schaeffer

Boucles argentées qui sortent du bonnet, Ali Abderamane n'enlève pas son manteau. Il se frotte les mains au-dessus d'un petit radiateur électrique qui s'est trouvé une place dans cet ancien grenier transformé en studio de 16 mètres carrés. 

« Il y a un chauffage électrique qui fonctionne 24 24 parce que je suis très sensible au froid, et il y a un petit chauffage pour la douche. Je suis obligé de faire fonctionner les chauffages électriques en permanence en hiver et ça me coûte très cher. Lorsqu'il n'y a pas de chauffage, [la température] tombe à 10, à 12 parce que c'est très humide et je ne peux pas, sinon je deviens très malade des poumons, etc. Je suis obligé de serrer la ceinture et je suis tout le temps à découvert par rapport à ma banque », raconte-t-il.

L'homme de 70 ans perçoit une retraite de 1 500 euros par mois et les frais de chauffage représentent 15 % de ses revenus. Il vit dans ce qu'on appelle une passoire énergétique, Ali Abderamane s'empare de la formule qu'il ne connaissait pas. « C'est vraiment le terme. Le chauffage chauffe les à-côtés. C'est une véritable passoire, un tamis. Et je paie pour ça », se désole-t-il.

L'importance de la rénovation des logements

Mais pour le locataire, la passoire énergétique n'est pas qu'une expression qui sonne bien, elle a des répercussions très concrètes sur sa santé, Ali sort un certificat médical soigneusement rangé dans une chemise et en fait la lecture. 

Je soussignée docteur Ariane, certifie avoir examiné monsieur Abderamane. Il présente des épisodes de bronchite à répétition, des rhinites permanente... On peut rapporter ces affections à l'importante insalubrité de son logement [...]. Son état de santé se dégrade rapidement. En conséquence, un relogement est urgent.

La Fondation Abbé Pierre, très présente dans la lutte contre la précarité énergétique, mise beaucoup sur la rénovation. « On peut aider les ménages à payer leurs factures par le chèque énergie, on peut essayer d'améliorer leurs droits par l'abolition des coupures, ou la décence dans le logement. Mais la vraie solution pérenne qui soit à la fois bonne pour la société et le climat, c'est la rénovation énergétique. C'est très important de mettre la priorité sur la rénovation des passoires thermiques occupées par des ménages modestes », explique Hélène Denise, chargée de plaidoyer et mobilisation à la Fondation Abbé Pierre.

Le recours aux aides doit être mieux connu des plus fragiles. La Cour des comptes a interpellé les pouvoirs publics : en 2019, 25 % des ménages ayant reçu un chèque énergie ne l’avaient pas utilisé.