Reportage France

À l'hôpital d'Arras, le sens de la vocation de soignant au-delà de la crise

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Contrairement à la troisième vague, le service de réanimation de l'hôpital d'Arras, dans le nord de la France, n'est pas saturé même si la situation reste tendue. Après plus de deux ans de pandémie, les équipes soignantes sont fatiguées parfois inquiètes d'une situation sanitaire qui n'en finit pas. Les soignants rencontrés ne reviennent pas cette fois-ci sur les tensions et le manque de moyens de l’Hôpital public, ils prennent le temps de la réflexion après deux ans de crise sanitaire.

Alors que la moyenne de contaminations quotidiennes au Covid-19 n'a jamais été aussi élevée en France depuis le début de la pandémie, dans certaines régions le nombre d'hospitalisations est en baisse.
Alors que la moyenne de contaminations quotidiennes au Covid-19 n'a jamais été aussi élevée en France depuis le début de la pandémie, dans certaines régions le nombre d'hospitalisations est en baisse. © Shutterstock/Steve Cukrov
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Les yeux clairs voilés de fatigue, la blouse blanche enfilée à la va-vite, Maxime Granier, 38 ans, est un médecin sensible. Dans le service de réanimation de l’hôpital d’Arras, une légère décrue de l’épidémie se fait sentir. Sur 30 lits, 13 sont occupés par des patients atteints du Covid et quatre restent vacants.

Dans un ciel chargé de virus, Maxime Granier parle de timide éclaircie. Un répit qui lui permet de prendre un peu de recul après deux ans de crise sanitaire. « Les malades graves en réanimation amenés par le Covid sont la partie la plus difficile des malades de réanimation. Les plus techniques, les plus complexes, les plus lourds à gérer. Ils apportent par conséquent l’une des plus fortes charges émotionnelles, avec des histoires dramatiques de patients qu’on perd et d’autres pour lesquelles on arrive à se battre encore plus fort et à faire survivre », dit-il.

► À écouter aussi : Cinquième vague de Covid-19: l'hôpital public à la peine à cause du manque de personnel

Unis dans l’épreuve

« C’est difficile, mais si c’est difficile humainement, c’est aussi valorisant quand on a tous, collectivement, réussi à sortir un malade comme ça... », poursuit Maxime Granier.

Ce sentiment d’avoir fait corps avec toute une équipe de soignants est partagé par Stéphane Delporte, cadre de santé. « Si les soignants ont tenu le choc globalement sur les premières vagues, c’est qu’ils ont retrouvé du sens à ce qu’ils faisaient. Au-delà du contexte financier, ils redevenaient des soignants au sens noble du terme. Quand ils rentraient chez eux, ils étaient soignants, ils sauvaient des vies », explique Stéphane Delporte.

Faire maintenir la mission sacrée de soigner

Barbe fournie qui déborde du masque, stylo quatre couleurs accroché à la poche, Benjamin Carnez est infirmier en réanimation. Selon lui, la pandémie a mis en lumière l’état de crise de l’Hôpital public, mais elle a aussi mis en valeur la mission sacrée de soigner.

« On a deux ans de recul sur la crise Covid et plus de 15 ans de recul sur la gestion de l’hôpital. Je n’ai pas les solutions en tant que simple infirmier, mais est-ce qu’il ne serait pas temps de se poser avec différents représentants des corps exerçant à l’hôpital et dirigeant de l’hôpital public pour se dire “on a une belle machine, comment on fait pour la sauver ? », soulève l'infirmier.

► À écouter aussi : Hôpital public cherche soignants

Chef de service, cadre de santé ou infirmier, ils aiment leur hôpital et sont soudés. À la fin du reportage, Maxime Granier chahute comme un gamin avec ses deux camarades. Il y a des gestes qui ne trompent pas.

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