Reportage France

À Auby, la hausse des prix de l'électricité force l'usine Nyrstar à réduire son activité

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En Europe, les prix de l'énergie, notamment du gaz et de l'électricité, ont explosé cet hiver. En France, la hausse du tarif réglementé a été contenue par le gouvernement. Mais certains industriels restent exposés à cette flambée. Les prix se sont envolés sur les marchés spot, au point que certaines entreprises ont réduit leur production. La raffinerie de zinc Nyrstar a même arrêté sa production. Reportage à Auby, dans le nord de la France.

Une usine de métaux en France, en septembre 2021.
Une usine de métaux en France, en septembre 2021. © AFP / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN
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Le souffle des machines et le panache blanc de vapeur sont trompeurs. Plus aucune feuille de zinc n'est produite à ce moment-là dans l'usine. La halle d'électrolyse est à l'arrêt, c'est la partie la plus énergivore du site, car c'est le courant qui permet de fixer le zinc sur une plaque d'aluminium, souligne Éric Brassart, directeur général de Nyrstar.

« L'usine d'Auby, en terme d'électricité, est classée parmi les électrointensifs, parce que notre production de zinc quand l'usine tourne à fond est à peu près l'équivalent d'une grande ville comme Lille ou Lyon et sa banlieue. Donc cela veut dire que les aléas de l'usine se voient sur le réseau. »

« Ces prix-là, personne ne les a connus »

En tant que gros consommateur d'électricité, le site bénéficie de prix stables sur une partie de ses besoins. Le reste est acheté sur le marché. C'est là que le bât blesse : « Le prix du courant, on l'avait dans les 40-42 euros du mégawattheure les dix dernières années, et aujourd'hui on a des prix qui sont à plusieurs centaines d'euros ».

Or, le prix du zinc est lui aussi fixé par le marché. Ce sont donc les marges qui sont rognées : « À ces volumes de prix d'électricité là, nous perdions de l'argent à tourner. On a donc préféré s'arrêter ».

Éric Brassart salue l'augmentation du volume global de l'ARENH, l'accès régulé à l'énergie nucléaire historique. Mais cela ne résout pas tout dans cette crise qui a pris l'entreprise au dépourvu : « La problématique s'est déréglée. Je n'ai jamais connu ces prix-là et personne ne les a connus. Et on sait que l'ARENH va s'arrêter en 2025. L'ambition, c'est de dire comment on pourrait faire pour protéger de cette exposition à des prix qui ne sont pas soutenables, et de penser aux contrats long terme ».

Un arrêt qui pourrait devenir récurrent

Cet arrêt n'a pas d'impact, pour le moment, sur l'emploi. L'entreprise en profite pour réaliser et préparer des travaux de maintenance. Alors Margot Nadolny, responsable de la chaîne d'approvisionnement, reste sereine : « On en profite justement pour réorganiser certaines choses qu'on a pas forcément le temps de faire en pleine activité. Il faut le voir comme une opportunité ».

Le quotidien de Fabrice Martin, masque à gaz sous le menton, n'est pas vraiment altéré. La situation le chagrine tout de même : « Moi ça fait 30 ans que je suis embauché et c'est la première fois qu'on arrête la production. C'est quand même inquiétant ».

Une inquiétude partagée par Nasser Sadki. Le délégué syndical CGT craint de ne pas réussir à refermer la porte qui vient de s'ouvrir : « Si on arrête une fois cette année, l'année prochaine on est encore avec des centrales nucléaires en maintenance, on recommence un deuxième arrêt, ce qui est fort possible. L'inquiétude à court et moyen terme, c'est le jour où le cours du zinc sera à la baisse. On va recommencer, sauf si on a un autre accord ».

L'important pour préparer l'année prochaine, souligne Nasser Sadki, sera de tourner à pleine capacité d'avril à octobre, période sur laquelle se calcule la prochaine allocation d'électricité à prix modéré.

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