Reportage France

[Carte d'électeur] Les entrepreneurs étranglés par la crise énergétique

Publié le :

Les prix de l'énergie ont explosé ces derniers mois en France. Avant même les répercussions de la guerre en Ukraine qui ont aggravé la situation, la flambée des cours était devenue un sujet de préoccupation pour les Français. Aujourd'hui, notre carte d'électeur nous emmène à la rencontre de chefs d'entreprise particulièrement exposés aux cours de l'énergie.

La hausse des prix du gaz et du pétrole a grandement compliqué les activités des transporteurs.
La hausse des prix du gaz et du pétrole a grandement compliqué les activités des transporteurs. © AP / Bob Edme
Publicité

L’explosion des prix des carburants est un casse-tête pour les transporteurs. Au-delà de l'impact du prix du gasoil sur les marges, la flambée du gaz a aussi fait douter Charles Perrin, patron de MDS et président pour la région Centre de la Fédération nationale des transporteurs routiers, sur les stratégies d'achat de nouveaux véhicules.

« Il n'y a plus aucune rentabilité sur le véhicule gaz du fait de l'augmentation du gaz. Sauf que la problématique, c'est que par exemple en 2024 sur l'Île-de-France, avec les zones ZFE, on ne pourra plus rentrer avec des véhicules diesel. »

Comme beaucoup d'entrepreneurs, Charles Perrin n'expose pas ouvertement ses préférences politiques, mais détaille ses attentes : « Le prochain président ou la prochaine présidente, on attend de la concertation et de l'écoute. Si les gens se nourrissent et s'habillent, c'est parce qu'il y a un camion qui a livré la marchandise. On est un maillon indispensable et ça, il faut le prendre en compte. On nous a félicités après le premier confinement, mais ça, on l'a oublié deux ans après. »

Une mission de défendre l'industrie

Depuis, face à la crise, le gouvernement a décidé de débloquer une enveloppe de 400 millions d'euros pour aider les transporteurs routiers et une remise sur les prix du gazole et du gaz.

Le prix de l'électricité sur le marché de gros a, lui aussi, flambé cet hiver au point que la raffinerie de zinc Nyrstar, qui consomme l'équivalent d'une ville comme Lyon, a arrêté de produire pendant plusieurs semaines. Alors, pour Éric Brassart, directeur général France, l'énergie est un enjeu de politique industrielle :

« Pour le gouvernement, la mission c'est de défendre l'industrie. Avant de la voir partir ailleurs, il faut qu'elle arrive à survivre en France et qu'elle ne meure pas d'équations de prix trop élevés. Donc travailler sur la stabilité des prix sur le long terme est une bonne chose. »

« Les événements étaient juste imprévisibles »

Les boulangeries artisanales sont elles aussi énergivores. « Ça a un impact énorme pour nous. Nos fours sont allumés quasiment toute la journée. »

Éloïse Berthe, codirigeante de trois boulangeries, n’espère rien de particulier des dirigeants sur cette question. « On ne peut pas exiger du gouvernement de nous protéger de tout. On traverse des évènements qui étaient juste imprévisibles. C'est juste un scénario improbable de science-fiction, mais on les traverse, on défend nos intérêts. Je suis plutôt confiante. »

Le pain unit tout le monde, dit-elle, alors pas question de se positionner pour un candidat. Éloïse Berthe parle même d’un devoir de neutralité ! En tout cas, le choix dans l’isoloir s’annonce difficile. « On pourrait sans doute faire le candidat parfait si on prenait un petit peu de chacun. Mais visiblement, la présidence consensuelle n'est pas tout à fait l'idée de notre système politique. »

L'écologie, le pouvoir d'achat et la valorisation du travail figurent parmi ses préoccupations principales. Elle, qui sent l’humeur des Français tous les jours, attend aussi du prochain locataire de l’Élysée qu’il les rassure.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes